Erik Larson, Dans le jardin de
la bête, traduit de l’américain par Édith
Ochs, 1e éd. 2011, Pairs, Le Cherche midi, 2012.
Ce livre n’est pas un roman mais
un récit tout ce qu’il y a de plus historique : de 1933 à 1937, William E.
Dodd, un historien, fut l’ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne. Larson fait
le récit, minutieux et documenté, des événements majeurs et mineurs de la vie
de la famille Dodd et de l’Allemagne durant ces quatre années. C’est…
passionnant ! Et désolant, parce que tout est vrai et que l’on connaît la
fin de l’histoire.
La diplomatie traditionnelle
semble désarmée devant Hitler et son gouvernement, qui ne fonctionne pas comme
un gouvernement normal, à qui il est impossible d’adresser les signaux habituels
et auquel on ne peut parler. Beaucoup d’acteurs ne prennent pas au sérieux les
nazis, d’une stupidité et d’une brutalité crasse, personne ne semble penser
qu’ils vont rester longtemps. Il faut aussi reconnaître que beaucoup de
personnes sont fascinés par les nazis (c’est le cas de la fille de Dodd), par
leur énergie, leur vitalité et sensibles à l’antisémitisme (c’est le cas de
plusieurs membres des Affaires étrangères à Washington). Il y a enfin une vraie
sidération face à la nouveauté constituée par ce régime politique qui
déstabilise tous les repères connus. Si Larson s’attarde longuement sur la
personnalité de Dodd et de sa famille, en réalité l’absence de volonté
politique des grands états de l’époque est bien plus importante pour comprendre
ce qui s’est passé. Le vrai tour de force de ce livre est de parvenir à
créer un vrai suspense, on se prendrait presque à espérer un changement de
situation.
G. Grosz George, cycle Ecce homo, 1922
Berlin,
Kunstbibliothek, image RMN.
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C’est très instructif, très bien
documenté, il y a de nombreux portraits de personnalités avec toute la gamme de
réactions possible. Mais cela se lit plus comme un roman.
Le temps passant, les Dodd se
trouvèrent confrontés à une anxiété diffuse qui imprégnait leurs journées et,
peu à peu, transforma leur façon de mener leur vie. Le changement s’opéra
lentement, se propagea comme une brume pâle qui se glisse dans le moindre
interstice. Ce phénomène semblait affecter tous ceux qui vivaient à Berlin. On
se mettait à considérer d’un autre œil celui ou celle qu’on retrouvait pour
déjeuner, et, de même, le café ou le restaurant qu’on choisissait, parce que
des bruits circulaient sur les établissements qui étaient la cible privilégiée
des agents de la Gestapo – le bar de l’Adlon, par exemple.
Les avis de Mazel qui a été très impressionnée, et de Miss Alfie (qui n'est pas fan des romans historiques) et de Clara qui trouvent toutes deux qu'il y a un peu trop de détails. Merci
au Cherche midi et à VendrediLecture.
Hum, je crois que j'aime pourtant bien les romans historiques. J'ai juste été agacée par le côté documentaire très poussé et justement par le fait que je n'ai pas du tout eu l'impression de lire un roman comme tu as pu l'avoir !
RépondreSupprimerExcuse-moi, si j'ai mal interprété ton article. Il faut reconnaître que moi j'aime les livres d'histoire. Pour moi ce livre n'est ni un roman ni un livre d'histoire au sens propre mais un récit historique. Je trouve que les petits détails donnent la touche d'humanité et de vérité (Hitler était fan de King-Kong par exemple, ça ne s'invente pas).
RépondreSupprimertellement impressionnée que je fais une pause sur les autres livres d'un genre approchant...
RépondreSupprimerIl faut dire aussi qu'après "Max" de Sarah Cohen-Scali, j'ai eu ma dose d'horreur.
bonne fin de journée Nathalie,
bises
Documentaire, très détaillé... c'est pour moi, je note!
RépondreSupprimerlu aussi !
RépondreSupprimersurprenant, édifiant !
J'ai beaucoup aimé le père, très universitaire mais tellement dans le vrai.
RépondreSupprimerJe vois que je ne suis pas la seule à apprécier.
RépondreSupprimerAlex : c'est vrai, ce père est tout en subtilité.