Dashiell Hammett, Le Faucon
maltais, traduit de l’américain par Pierre
Bondil et Natalie Beunat, 1e éd. 1930, Paris, Gallimard, 2009.
J’ai relu pour vous Le Faucon
maltais, le roman de Dashiell Hammett où
son fameux privé reçoit son nom. Encore une fois l’histoire est
invraisemblable, une chasse à l’oiseau noir pas vraiment crédible, dans le San
Francisco des années 30. Tout commence quand Sam Spade, le détective aux yeux
jaunes, reçoit la visite d’une belle jeune femme éplorée et apeurée recherchant
sa sœur. Spade envoie son associé sur l’affaire, lequel se fait descendre dans
la nuit. Ensuite, tout se complique, la jeune femme est plus habile qu’elle en
a l’air, arrive une petite frappe, des flics, des armes, une drogue et une
histoire de faucon à dormir debout. Les détails ne sont pas très importants.
La narration est saisissante,
rapide et précise, sans une once de psychologie. On suit Sam Spade de bout en
bout mais on n’aura jamais accès à ses pensées. Il est impossible de savoir
s’il ment, s’il est sincère, s’il croit ou non ses interlocuteurs. Bien
souvent, c’est seulement à la fin d’un chapitre que l’on découvre que les trois
pages qui précèdent sont une manipulation. Il faut se montrer attentif aux
modifications des traits du visage de chacun.
Je l’ai relu très vite, c’est un
des meilleurs Hammett. Loin d’être aussi sanglant que Moisson rouge, la belle fatale est là mais bien différente de
celle de Sang maudit, la
narration met l’accent sur des face à face entre ennemis et alliés provisoires,
le rapport de force se fait beaucoup grâce au langage et à la capacité de Spade
de retourner la situation par les mots. Un petit chef d’œuvre.
Dashiell Hammett. Image Wiki. |
Mes deux lectures ont été
identiques : persuadée que j’avais vu le film, j’ai réalisé au bout d’un
moment que non, que je confondais avec Le grand sommeil, et j’ai vu à la place des deux personnages Humphrey
Bogart et Ingrid Bergmann, ce qui est perturbant.
Spade avait désormais le visage
jaunâtre, presque blanc. Sa bouche sourit, et il y avait des petits plis autour
de ses yeux qui brillaient. D’une voix douce, agréable, il lui dit :
« Je vais te dénoncer à la police. Il y a toutes les chances que tu écopes
de la perpétuité. Ce qui veut dire que tu sortiras dans vingt ans. Tu es un
ange. Je t’attendrai. » Il s’éclaircit la gorge. « S’ils te pendent,
je ne t’oublierai jamais. »
Nouvelle participation au Thursday Next Challenge d'Alice.
Passionnant livre,toute une école littéraire enfin reconnue maintenant.Tu as raison, l'identification aux films est si forte qu'on finit par mêler un peu les images des films et les souvenirs du livre.Mais Bergman n'est pas une héroïne de hard-boiled.Son image de Casablanca est si prégnante avec Bogart que l'imaginaire s'enflammme.Ce n'est pas moi,qui tire le nom de mon blog d'Humphrey Bogart,qu'il faut convaincre.Bonne journée.
RépondreSupprimerJ'avoue être troublée, comme en plus je mélange Hammett et Chandler, ça n'aide pas. J'espère qu'en lisant d'abord l'un puis l'autre, ça va s'améliorer.
RépondreSupprimerJe ne connais pas du tout cet auteur!! Ca a l'air complètement à part, tu m'as donné très envie de le découvrir!
RépondreSupprimerJe suis une fan en effet.
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