La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 29 novembre 2012

Ma manière de procéder consiste à jeter dans les roues une barre de fer violente et imprévisible.


Dashiell Hammett, Le Faucon maltais, traduit de l’américain par Pierre Bondil et Natalie Beunat, 1e éd. 1930, Paris, Gallimard, 2009.

J’ai relu pour vous Le Faucon maltais, le roman de Dashiell Hammett où son fameux privé reçoit son nom. Encore une fois l’histoire est invraisemblable, une chasse à l’oiseau noir pas vraiment crédible, dans le San Francisco des années 30. Tout commence quand Sam Spade, le détective aux yeux jaunes, reçoit la visite d’une belle jeune femme éplorée et apeurée recherchant sa sœur. Spade envoie son associé sur l’affaire, lequel se fait descendre dans la nuit. Ensuite, tout se complique, la jeune femme est plus habile qu’elle en a l’air, arrive une petite frappe, des flics, des armes, une drogue et une histoire de faucon à dormir debout. Les détails ne sont pas très importants.
La narration est saisissante, rapide et précise, sans une once de psychologie. On suit Sam Spade de bout en bout mais on n’aura jamais accès à ses pensées. Il est impossible de savoir s’il ment, s’il est sincère, s’il croit ou non ses interlocuteurs. Bien souvent, c’est seulement à la fin d’un chapitre que l’on découvre que les trois pages qui précèdent sont une manipulation. Il faut se montrer attentif aux modifications des traits du visage de chacun.
Je l’ai relu très vite, c’est un des meilleurs Hammett. Loin d’être aussi sanglant que Moisson rouge, la belle fatale est là mais bien différente de celle de Sang maudit, la narration met l’accent sur des face à face entre ennemis et alliés provisoires, le rapport de force se fait beaucoup grâce au langage et à la capacité de Spade de retourner la situation par les mots. Un petit chef d’œuvre.

Dashiell Hammett. Image Wiki.

Mes deux lectures ont été identiques : persuadée que j’avais vu le film, j’ai réalisé au bout d’un moment que non, que je confondais avec Le grand sommeil, et j’ai vu à la place des deux personnages Humphrey Bogart et Ingrid Bergmann, ce qui est perturbant.

Spade avait désormais le visage jaunâtre, presque blanc. Sa bouche sourit, et il y avait des petits plis autour de ses yeux qui brillaient. D’une voix douce, agréable, il lui dit : « Je vais te dénoncer à la police. Il y a toutes les chances que tu écopes de la perpétuité. Ce qui veut dire que tu sortiras dans vingt ans. Tu es un ange. Je t’attendrai. » Il s’éclaircit la gorge. « S’ils te pendent, je ne t’oublierai jamais. »

Nouvelle participation au Thursday Next Challenge d'Alice.




4 commentaires:

  1. Passionnant livre,toute une école littéraire enfin reconnue maintenant.Tu as raison, l'identification aux films est si forte qu'on finit par mêler un peu les images des films et les souvenirs du livre.Mais Bergman n'est pas une héroïne de hard-boiled.Son image de Casablanca est si prégnante avec Bogart que l'imaginaire s'enflammme.Ce n'est pas moi,qui tire le nom de mon blog d'Humphrey Bogart,qu'il faut convaincre.Bonne journée.

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  2. J'avoue être troublée, comme en plus je mélange Hammett et Chandler, ça n'aide pas. J'espère qu'en lisant d'abord l'un puis l'autre, ça va s'améliorer.

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  3. Je ne connais pas du tout cet auteur!! Ca a l'air complètement à part, tu m'as donné très envie de le découvrir!

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