La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 7 mars 2013

Une partie de l’île s’était brisée et avait glissé sans bruit dans la mer.


Lawrence Durrell, Citrons acides, traduit de l’anglais par Roger Giroux, 1e éd. 1957, traduit en français en 1975, lu chez Libretto.

J’avoue avoir abordé ce livre avec méfiance parce que j’avais peur de tomber sur un récit de voyage pittoresque… mais c’est bien plus intéressant que cela. Il s’agit d’un texte autobiographique relatant les années que Durrell a passé à Chypre à un moment critique de l’histoire de l’île.

Durrell arrive vers 1955 à Chypre, décidé à s’y installer, à acheter une maison, à y vivre doucement, sans dépenser trop d’argent, en goûtant aux charmes de la vie chypriote et à son vin. Il raconte ainsi comment il achète une maison (grâce à l’entremise d’un Turc, en se jouant du droit ancestral pour l’accès à l’eau), le déroulement des travaux. Il raconte les paysages, les fleurs à foison, les conversations entre amis grâce au bon vin. Durrell est un lettré anglais, ce qui lui permet des références érudites et qui lui permet aussi de se lier avec d’autres intellectuels britanniques. Mais il parle grec et apprécie la bonne vie, il s’insère donc dans la vie villageoise et paysanne, note avec humour et affection toutes les particularités des habitants. C’est très réussi. Les choses se gâtent avec l’émergence des mouvements indépendantistes : il décrit avec précision l’évolution des rapports de force entre la Grande-Bretagne, Chypre, la Grèce et la Turquie et l’apparition des premiers attentats. Il prend alors un ton mélancolique et désabusé.

Panos avait ses coins favoris dans toute la chaîne, pour s’y être promené des années durant, comme un amoureux qui a ses places favorites pour y déposer ses baisers – le creux de la nuque, ou la courbe d’un sein. Il avait dans sa tête tout un calendrier qui lui disait, presque au jour près, que les amandiers étaient éclos à Carmi, ou les roses trémières à Lapithos. Il s’était ainsi composé une véritable carte florale de toute la chaîne, et il savait où trouver les plus beaux spécimens d’anémones, de cyclamens, de renoncules ou de soucis. Et il ne se trompait jamais.

Le billet de Dominique qui a été tentateur. Une participation au pari hellène.

8 commentaires:

Les Femmes du Panier a dit…

Durrell est un garant de qualité! J'adore cet écrivain et son quatuor d'Alexandrie est parmi mes livre de chevet!!

nathalie a dit…

Moi je le découvrais à travers ce livre. Mais je compte en effet bien continuer !

Anonyme a dit…

je ne connais pas encore cet auteur, mais vos commentaires et les résumés de ses romans vont certainement me tenter pour de prochaines lectures.

nathalie a dit…

Oui, je compte continuer sur ma lancée, je suis séduite.

Alex Mot-à-Mots a dit…

Et l'histoire de Chypre n'est toujours pas terminée....

Missycornish a dit…

Celui-la aussi j'ai hate de le lire. Je viens de terminer la lecture des deux premiers tomes du Quatuor d'Alexandrie du meme auteur. Je te laisse le lien au cas ou cela t'interesserait:

http://artdelire.wordpress.com/2013/08/09/le-quatuor-dalexandrie-justine-et-balthazar/

Je trouve que cet ecrivain a une culture remarquable!

nathalie a dit…

Je pense lire les autres volumes plus tard en effet. J'irai lire ton billet avec plaisir !

miriam a dit…

comme j'ai aimé ce livre!