La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 17 juillet 2013

L’homme est pareil au nuage, qu’un coup de vent rabat sur l’eau ; son cœur semble un chaton de saule, collé à terre après l’orage.


Anthologie de la poésie chinoise classique, sous la direction de Paul Demiéville, Gallimard, 1962.

Vous le savez, il y a toujours un volume de poésie sur la table de chevet. Depuis maintenant longtemps, il s’agissait de cette anthologie dont je vous ai livré un premier extrait ici. Je viens de finir le volume, lu par curiosité. Je suis  embarrassée pour en parler. Disons qu’il faut bien reconnaître l’irréductibilité des cultures. Je ne comprendrais jamais ce que les Chinois font de cette poésie : les jeux de sonorité de la langue, le rythme, les images, je reste à la porte de tout cela – la traduction ne peut pas tout. Ce que j’y apprécie est autre…
Un apprentissage de la modestie, donc.
Pendant que je suis en vadrouille familiale, je vous propose trois extraits de cette anthologie, peut-être pour susciter votre curiosité.


Yang Wan-li (1124-1206)
La pluie sur le bananier

Que le bananier a de joie à recevoir la pluie !
Le bruit, toute la nuit, en fut clair et plaisant :
Tantôt sons menus d’une mouche heurtant une vitre de papier,
Tantôt fracas puissant de cascade dévalant les montagnes.

Au tintement limpide des gouttes espacées,
Toute autre rumeur s’est tue en ce calme soir d’automne.
Le bananier est heureux, mais l’homme s’attriste : mieux lui plairait que le vent d’Ouest s’arrête
Et que cette pluie cesse.


F. Auguste, Pont suspendu à Lou Tin Kiao, 1904
Paris, musée Guimet, image RMN. 

Traduction de Pénélope Bourgeois 
P. S. Rimbaud a pris place sur la table de chevet.

1 commentaire:

catherine a dit…

eh ben revenir aux classiques est tjs salutaire! (de santé!?)