La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 15 octobre 2013

Nous voulons des soldats blessés au combat, mais rien d’horrible, vous entendez : rien de vraiment répugnant ou horrible !


William March, Compagnie K, paru en 1933, traduit de l’américain par Stéphanie Levet, édité en France chez Gallmeister en 2013.

Un roman original à propos de la Première guerre mondiale, composé par un soldat américain quelques années après le conflit. Nous suivons une compagnie, chaque court chapitre est à la 1e personne, pris en charge par un homme de cette compagnie. Nous avons ainsi une série de petits récits, s’articulant entre eux de façon souple, sans former une réelle narration continue mais constituant peu à peu un fil et racontant la guerre, de la mobilisation au retour au pays. Cela permet au roman de varier les points de vue et d’aborder une multitude de points : les permissions, les combats, les blessures, les tués, les désertions, les ordres ineptes, les cruautés, les gueules cassées… Un seul personnage n’aurait pu être témoin de tout. Ces chapitres courts sont également plus faciles à lire en dépit de la dureté des événements racontés.


Affiche de film, 1916
musée franco-américain, Blérancourt
          image RMN
Le livre ne présente pas de héros individualisé, certains sont plus courageux que d’autres. On a affaire à une masse de soldats que l’on confond, la chair à canon du quotidien. Le livre ne laisse pas de place aux illusions, aux idéaux. Il est dur sans voyeurisme, sobre et efficace sans apitoiement.

Il ne restait rien des tranchées allemandes ou du terrain tout autour : pas un arbre, pas un brin d’herbe. Rien de vivant. Rien du tout. Les morts gisaient en tas dans les tranchées, des amas étranges de corps emmêlés… Il ne reste rien de vivant, j’ai pensé, absolument rien !
Alors, d’une casemate démolie, un homme est sorti à quatre pattes dans les décombres. Sa mâchoire avait été en partie emportée et elle pendait, mais quand il nous a vus il a tenu l’os décroché dans sa main et il a émis un son qui exprimait la peur et la soumission.
  
Ce livre vient seulement d’être traduit en français à l’occasion du centenaire de la guerre qui approche. L'avis d'Yspaddaden. Livre lu grâce à Babelio. Merci Gallmeister pour cette lecture.


3 commentaires:

Sandrine a dit…

En cette période de centenaire, paraissent des livres qui nous donnent à lire des points de vue vraiment différents sur cette Grande Guerre, c'est une très bonne chose.

Alex Mot-à-Mots a dit…

Gallemeister ouvre le bal de la commémoration du centenaire.

nathalie a dit…

Bien d'accord. A priori c'est un sujet dont je me méfie mais il y a des titres peu connus et vraiment très bons.