La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 26 novembre 2013

Le vent se lève. Je vois la forme du vent dans l'eau.


Per Petterson, Pas facile de voler des chevaux, traduit du norvégien par Terje Sinding, paru en 2003.

Un livre aux extrêmes climatiques qui répond décidément à mon goût pour les retraites forestières, loin de toute civilisation.
Le héros est un homme âgé qui commence sa retraite dans un chalet pommé au bord d’un lac, avec un chien pour seule compagnie. C’est le début de l’hiver en Norvège et il doit prendre quelques précautions pour préparer la saison. Il glisse quelques éléments sur le parcours de sa vie mais il ne dira pas tout, à nous de reconstituer une existence. Il se remémore un été brûlant de 1948, quand il était au bord de la rivière avec son père. Cet été-là, il a appris plein de choses et est devenu brutalement adulte, découvrant son père comme un autre homme.

Quand on vit seul trop longtemps, la frontière entre les mondes intérieur et extérieur devient floue, et on finit par la franchir sans même s’en apercevoir. C’est ça qui m’attend ?

Ce livre est voyage dans la mémoire. L’adolescent découvre et l’homme âgé redécouvre les sensations de froid, de chaud, de douleur, les efforts physiques, la vie dans la forêt, l’eau de la rivière. C’est le sujet principal du livre ainsi que la façon dont, à tout âge, on se recrée un mode de vie salvateur. Je me suis sentie très proche du héros car il semble bien que nous aspirions à la même existence, faite d’habitudes, de silences, de lectures et de temps lents.

Il n’y avait que l’air frais contre ma peau et le parfum de résine et de bois et l’odeur de la terre, et un oiseau solitaire dont j’ignorais le nom. S’affairant dans les fourrés à quelques mètres de moi, il faisait bruire l’épais feuillage, et son incessant pépiement m’a paru étrangement désolé au cœur de la nuit. Mais je ne sais pas si ce sentiment de désolation tenait à la solitude de l’oiseau ou à la mienne.

Un livre vanté par l’amie Asphodèle, qui me l’a prêté. Elle le fait voyager (il faut s’inscrire chez elle). Merci beaucoup pour cette lecture ! Également, les avis de MissBouquinaix, de la fille aux étagères et d'Eeguab.


6 commentaires:

Eeguab a dit…

Un très beau livre d'un auteur que j'affectionne, chroniqué il y a longtemps ainsi que le très beau Maudit soit el fleuve du temps.

nathalie a dit…

Du coup j'ai rajouté ton avis ! Une découverte pour moi.

Alex Mot-à-Mots a dit…

Un roman qui a l'air très lent.

miriam a dit…

http://miriampanigel.blog.lemonde.fr/2013/11/26/le-peintre-et-le-pirate-costas-hadziaryiris/
rien à voir avec le billet ci-dessus. encore un lien vers ton pari hellène même si je sais que c'est trop tard

nathalie a dit…

Merci Miriam !
Alex : pas temps que cela en réalité. Il y a en gros 300 pages et avec les alternances entre le présent et le passé, ce n'est pas si lent.

Asphodèle a dit…

Contente qu'il t'ait plu, comme toi j'aspire à ces silences, ces retraites, je me suis retrouvée (étrange non) dans ce livre...