Arto Paasilinna, Le Lièvre de
Vatanen, traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, paru en 1975.
Un des premiers romans de Paasilinna, pas le plus déjanté,
peut-être le plus mélancolique.
Le héros, Vatanen, heurte en voiture un levraut et lui brise la patte.
Il décide alors de tout planter là et de s’occuper de son lièvre, en vivant
toujours plus au Nord, dans les forêts de Finlande.
On trouve bien évidemment l’humour de Paasilinna, dans ses personnages
grotesques et ses situations improbables, dans le goût de camper des héros qui
partent loin de la civilisation. Mais le roman date du milieu des années 70 et
se veut une critique de ce tout jeune pays, sorti de la pauvreté, dont les
habitants découvrent l’argent, le confort et le pouvoir. Vatanen, en urbain mal
dans sa peau, se réfugie dans la forêt, vit comme bûcheron, au contact des
éleveurs de rennes, en s’occupant des cabanes, en pêchant… Chaque confrontation
à la modernité est un peu plus rude, et se moque tout à la fois du
consumérisme, du puritanisme et de l’importance accordée à l’armée.
Il était communiste, mais ça ne lui a pas servi à grand-chose. Quand on se met communiste, on ne s’enrichit jamais.
Ah ! la forêt finlandaise ! M&M |
Quand on a une ou deux connaissances sur la Finlande, on reconnaît
aussi une caricature de l’inamovible président Kekkonen (président
pendant 25 ans, grâce à des lois exceptionnelles). Quant à l’ours féroce et affamé,
qu’il faut poursuivre si près de la frontière avec l’Union soviétique, s’il
donne une allure héroïque à un road trip un peu grotesque, il permet aussi une
petite revanche de l’ancien colonisé sur le grand frère russe.
Je trouve finalement à ce roman une allure de fable un peu mélancolique,
fable que j’ai très joyeusement dévorée.
L’ours appuya sur le flacon. Vatanen entendit un son de trompette et un
grognement de surprise, la sauce tomate aspergea le mur au-dessus de sa tête.
Tu t'en doutes, j'ai beaucoup aimé ce roman !
RépondreSupprimerPlutôt mélancolique comme lecture, en effet.
RépondreSupprimerIl y a des connaisseurs...
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