La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 21 avril 2014

Ils s’étonnèrent, à leur façon réservée, de la présence du lièvre.


Arto Paasilinna, Le Lièvre de Vatanen, traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, paru en 1975.

Un des premiers romans de Paasilinna, pas le plus déjanté, peut-être le plus mélancolique.
Le héros, Vatanen, heurte en voiture un levraut et lui brise la patte. Il décide alors de tout planter là et de s’occuper de son lièvre, en vivant toujours plus au Nord, dans les forêts de Finlande.
On trouve bien évidemment l’humour de Paasilinna, dans ses personnages grotesques et ses situations improbables, dans le goût de camper des héros qui partent loin de la civilisation. Mais le roman date du milieu des années 70 et se veut une critique de ce tout jeune pays, sorti de la pauvreté, dont les habitants découvrent l’argent, le confort et le pouvoir. Vatanen, en urbain mal dans sa peau, se réfugie dans la forêt, vit comme bûcheron, au contact des éleveurs de rennes, en s’occupant des cabanes, en pêchant… Chaque confrontation à la modernité est un peu plus rude, et se moque tout à la fois du consumérisme, du puritanisme et de l’importance accordée à l’armée.

Il était communiste, mais ça ne lui a pas servi à grand-chose. Quand on se met communiste, on ne s’enrichit jamais.
Ah ! la forêt finlandaise ! M&M

Quand on a une ou deux connaissances sur la Finlande, on reconnaît aussi une caricature de l’inamovible président Kekkonen (président pendant 25 ans, grâce à des lois exceptionnelles).  Quant à l’ours féroce et affamé, qu’il faut poursuivre si près de la frontière avec l’Union soviétique, s’il donne une allure héroïque à un road trip un peu grotesque, il permet aussi une petite revanche de l’ancien colonisé sur le grand frère russe.
Je trouve finalement à ce roman une allure de fable un peu mélancolique, fable que j’ai très joyeusement dévorée.

L’ours appuya sur le flacon. Vatanen entendit un son de trompette et un grognement de surprise, la sauce tomate aspergea le mur au-dessus de sa tête.

3 commentaires:

Lili Galipette a dit…

Tu t'en doutes, j'ai beaucoup aimé ce roman !

Alex Mot-à-Mots a dit…

Plutôt mélancolique comme lecture, en effet.

nathalie a dit…

Il y a des connaisseurs...