La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 22 septembre 2014

Entre lune et soleil se glisse l’heure sombre, épaisse, gluante, plus poignante que la brunante.

Anne Hébert, Les Fous de Bassan, 1982.

Un excellent roman que je recommande absolument !

L’histoire se passe sur la côte du Canada dans un petit village composé de seulement quelques maisons. Au début, le pasteur se souvient de l’été 1936 avec des mots troubles qu’il n’ose pas s’avouer. Le lecteur comprend qu’une nuit Nora et Olivia, deux jeunes filles, ont disparu. Puis la parole passe à Stevens, jeune homme plein de désirs brutaux, puis à son frère, un simple d’esprit, puis aux jeunes filles. Nous comprendrons peu à peu les faits, mais surtout l’atmosphère de cet été là, de cet endroit là.
Quatre maisons où les familles s’entrecroisent, où les femmes sont mangées par les hommes, prisonnières ou mortes. Les jeunes filles ressentent des désirs dont elles ne comprennent pas le danger, les femmes sont enfermées dans leurs tâches quotidiennes et le silence, les hommes sont des brutes. Entre ces deux mondes qui s’opposent violemment, aucune communication n’est possible. Seuls les enfants sont libres et jouent avec la mer. La nature est omniprésente. Les oiseaux, le vent, l’écume, les vagues envahissent les esprits des uns et des autres. L’air respire, le soleil aussi, mais il peut s’arrêter et décider de faire le mort.

La campagne alentour, en apparence morte, en réalité attentive comme un chat qui guette une souris.
Fous de Bassan, Wiki image.
 Ce livre m’a enchanté par la poésie véritable de sa langue. Les citations de la Bible s’insèrent entre les rêveries et l’expression des désirs et campent une atmosphère lourde et confinée.

J’ai particulièrement aimé les pages où Perceval, le simple d’esprit, s’exprime. Sa langue est brève, sans syntaxe complexe. Les phrases sont courtes et s’enchaînent, avec une certaine brutalité, traduisant la violence cachée des situations.

On dirait que mon sang bat hors de moi, cogne dans les murs et les poutres du plafond. Rumeur sourde, martelée. Combien de temps vais-je pouvoir supporter cela ?




6 commentaires:

Lili Galipette a dit…

Je note je note !

nathalie a dit…

J'ose espérer que tu ne le regretteras pas.

miriam a dit…

je ne connais pas le livre, en revanche ces oiseaux sont magnifiques et très bruyants.

nathalie a dit…

Et quand ils planent au-dessus du rivage, ils voient tout ce qui se passe...

Alex Mot-à-Mots a dit…

1982 ? Tu es allé le chercher loin !

nathalie a dit…

1982 est la date de parution originale, mais on le trouve en poche facilement. Et j'ai cherché sur les blogs, comme source d'inspiration !