La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 16 octobre 2014

J’ai, dans ma conscience, entendu des cris. Honorine n’a pas crié seule.

Honoré de Balzac, Honorine, 1843.

Un autre des courts romans de Balzac (il y en a pas mal) qui peut se lire de façon totalement indépendante du reste de l’œuvre. Le consul de Gênes raconte une histoire survenue dans sa jeunesse. C’est le portrait des relations d’un couple : le comte Octave et sa femme Honorine, enfuie du domicile conjugal, retrouvée, revenue, mais pas tout à fait…

Encore une fois Balzac a campé (à son corps défendant ?) une magnifique héroïne. Si le narrateur et sans doute l’auteur a un discours tout ce qu’il y a  de plus ringard sur les femmes, le mariage, la maternité, le rôle de l’époux, etc., Honorine veut en premier lieu être libre. Le mariage est un joug, la cohabitation est une contrainte, la solitude est une liberté que rien ne remplace. Enfermée, elle va faire son devoir par honneur et dépérir. Quand elle a la parole, c’est un cri du cœur qui m’a vivement touchée.
Picasso, Balzac d'après Rodin, gravure, musée Picasso, image RMN.
 L’intimité sans l’amour est une situation où mon âme se déshonore à toute heure. Je ne puis pleurer ni m’abandonner à mes rêveries que seule. Les exigences du monde, celles de ma maison, le soin de mon enfant, celui du bonheur d’Octave ne me laissent pas un instant pour me retremper, pour puiser de la force comme j’en trouvais dans ma solitude. Le qui-vive perpétuel surprend toujours mon cœur en sursaut, je n’ai point su fixer dans mon âme cette vigilance à l’oreille agile, à la parole mensongère, à l’œil de lynx.

2 commentaires:

Le Salon des Lettres a dit…

Je note ce titre dans ma PAL car je ne le connaissais pas. Merci ! :-))

nathalie a dit…

Assez rapide à lire et étonnant sous la plume de Balzac !