Raphaël Jerusalmy, Sauver Mozart, 2012.
Un court roman, triste et plein
de vie, mais assez percutant.
Le narrateur tient son journal.
Un amoureux de la musique classique, mélomane et compositeur, un tuberculeux se
mourant dans un sanatorium de Salzbourg, un peu juif, un peu libre-penseur. On
est en 1939.
Il raconte sa déchéance physique
et la vie dans ce mouroir. Le régime nazi impose sa marque : les plus
faibles sont mal nourris ou disparaissent, les blessés militaires ont le pas
sur les civils, la pharmacie expérimente, des familles s’évaporent. Mais seule
la musique intéresse le narrateur qui veut la sauver des ignorants, des brutes,
de la bêtise… sa tentative sera dérisoire. En sous-texte, le roman nous
rappelle combien les arts ont été enrôlés par le régime nazi à tous les
échelons envisageables.
Ce très court roman est une
réussite. La narration avance en paragraphes brefs, tirés du journal du
narrateur, avec des phrases courtes et un peu brutales. Les considérations sur
la maladie alternent avec celles sur la musique, le nazisme, la vie
quotidienne. Les enjeux géopolitiques rencontrent les préoccupations immédiates
d’un malade confronté lui aussi à la mort quotidienne. Confiné dans une
clinique, le narrateur tourne en rond dans un univers d’où la culture disparaît
peu à peu.
Sauver Mozart est le premier roman de Jerusalmy. Apparemment la
forme brève convient bien à cet auteur, si j’en juge par La Confrérie des chasseurs de livres qui n’est vraiment pas réussi.
Enfin, dans la figure du mélomane mourant se traînant au concert, je retrouve
celle de Proust pris d’un malaise à l’exposition Vermeer du Jeu de Paume.
J’ai refusé de jouer aux échecs
avec Günter. Il m’agace avec ses commentaires sur l’actualité, les nouvelles du
front, les allocutions du Führer. Pas de quoi fouetter un chat. L’histoire suit
son cours, voilà tout.
Des analyses ? On m’en fait
toutes les semaines. Savoir ce qu’il se passe ? Ça crève pourtant les
yeux. L’infection se répand. Pas besoin d’être docteur pour ça ! Juste
malade.
Je suis bien d'accord, La confrérie des chasseurs de livres n'est pas à la hauteur de celui-ci. Merci pour le lien.
RépondreSupprimerLe problème est que beaucoup de gens ont découvert cet auteur avec La Confrérie et sont un peu réticents du coup !
SupprimerJe découvrirai donc l'auteur avec ce titre.
RépondreSupprimerC'est une bonne idée en effet.
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