Honoré de Balzac, Le Lys dans la vallée, 1836.
Enfin lu ce célèbre titre de
Balzac – à la réputation méritée.
Félix, le narrateur livre ses
secrets dans une longue lettre à une femme aimée. Il y raconte son enfance
malheureuse, dans une famille qui le délaisse et le méprise, et sa rencontre
avec Madame de Mortsauf. Je ne vous dis rien de cette rencontre, tout entière
sous le signe de la magie, du rêve et de l’amour romantique. J’ai aussi
apprécié son caractère sensuel, ayant toujours eu une faiblesse pour la fin de La Peau de chagrin et son hymne au désir.
Le roman raconte la longue
relation entre cette femme, le lys d’une vallée de l’Indre, mère et épouse, et
ce jeune homme. Toutes les étapes sont détaillées de l’approche à l’intimité,
de la vénération à la trahison, aux erreurs et au pardon.
Ce presque huit clos est
l’occasion d’un magnifique portrait de femme et permet l’évocation des charmes
de la vie intime dans une nature douce. L’action est tout près de Saché,
l’endroit où Balzac choisit de s’installer, et il s’agit aussi pour lui de
vanter les mérites de la vie de gentilhomme en Touraine, au bord de la rivière,
auprès des herbes. La vie à la campagne dans une ferme bien administrée (les
vendanges très particulièrement bien traitées) est douce, ainsi que le chante
George Sand dans ses romans.
Je note l’ambiguïté du point
de vue posé sur la sensualité, surtout quand il s’agit de celle des femmes. Les
exaltations de la vertu sont pénibles et sonnent faux, notamment parce que le
doute est posé avec subtilité sur les convictions des différents personnages.
Cette équivoque les rend humains et est un signe de la finesse de Balzac.
Par ailleurs, le XIXe
siècle est décidément le siècle du coup de théâtre politique. Dans tous les
romans de Balzac, il est nécessaire de situer les sources de la fortune de
chaque personnage afin de préparer les renversements, les ascensions et les
chutes, à la fois théâtrales, à la fois plausibles.
Mes yeux furent tout à coup
frappés par de blanches épaules rebondies sur lesquelles j’aurais voulu pouvoir
me rouler, des épaules légèrement rosées qui semblaient rougir comme si elles
se trouvaient nues pour la première fois, de pudiques épaules qui avaient une
âme, et dont la peau satinée éclatait à la lumière comme un tisse de soie. Ces
épaules étaient partagées par une raie, le long de laquelle coula mon regards,
plus hardi que ma main. Je me haussai tout palpitant pour voir le corsage et
fus complètement fasciné par une gorge chastement couverte d’une gaze, mais
dont les globes azurés et d’une rondeur parfaite étaient douillettement couchés
dans des flots de dentelle.
Au final, la belle comtesse
apparaît comme un personnage tourmenté, mais d’une grande noblesse, modèle
inatteignable, sorte de fantôme flottant au cœur. Félix, lui, est plus ambigu
et à cet égard la toute fin du roman est exemplaire. Héros torturé à secret, ou
homme banal, inapte à l’amour, il oscille.
C’est aussi un hommage rendu auxhéroïnes balzaciennes sacrifiées dans la terrible Comédie humaine, à l’intérêt, à l’hypocrisie, à la cruauté et qui
disparaissent des romans et de la vie.
Voilà comment finissent les plus
beaux sentiments et les plus grands drames de la jeunesse. Nous partons presque
tous au matin, comme moi de Tours pour Clochegourde, nous emparant du monde, le
cœur affamé d’amour ; puis, quand nos richesses ont passé par le creuset,
quand nous nous sommes mêlés aux hommes et aux événements, tout se rapetisse
insensiblement, nous trouvons peu d’or parmi beaucoup de cendres.
L'avis de George.
je garde un bon souvenir de cette lecture, ne serait-ce que pour la vallée de l'Indre...
RépondreSupprimerEn effet, c'est une belle évocation de cette région.
SupprimerHonte à moi, je l'ai lu il y a des années, et n'en garde aucun souvenir.....
RépondreSupprimerCe n'est pas grave (il ne s'y passe pas grand-chose après tout).
SupprimerJe dois absolument le lire. Je l'ai dans ma bibliothèque en tout cas. J'ai hâte !
RépondreSupprimerEt c'est assez rapide en plus !
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