La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 12 mai 2015

Quel navire avait donc accosté son île ?

Manuel Vázquez Montalbán, Cuentos extraits de El hermano pequeño, 1994, lu en édition bilingue chez Pocket, traduit de l’espagnol par José G.-Marrón.

Vous connaissez sans doute les romans policiers de Montalbán et son personnage de Pepe Carvalho. Il s’agit ici de quatre nouvelles.
La première, La Soledad acompañada del pavo asado, est la plus proche du Carvalho que l’on connaît puisqu’il s’agit de manger et d’un repas de Noël, des souvenirs d’enfance dans le Barcelone d’avant et de la solitude du Barcelone démocratique.
La deuxième (ma préférée), El Exhibicionista, met en scène une française cherchant un exhibitionniste dans les lieux touristiques de Barcelone. Ce texte est plein de références littéraires et d’images cinématographiques. La première apparition de l’exhibitionniste se produit au jardin du Luxembourg à Paris, près de la statue de Mendès France. Sa recherche permet de parcourir les rues de Barcelone de façon des plus intimes. Et la chute du récit est remarquable.
La troisième a une signification plus politique (certaines références m’ont échappé) et la quatrième est un hommage à Marylin Monroe et m’a lassée.

La difficulté de lire en bilingue est que je lis une ou deux pages par jour : j’ai une lecture un peu hachée et il est difficile de parler du livre. L’intérêt de cette édition réside dans les notes du traducteur qui permettent de souligner certaines habitudes de Montalbán et de mettre en valeur certaines figures, comme celles des femmes à la chair molle par exemple. J’ai réalisé à quel point il s’agissait d’une lecture difficile en raison des références à l’histoire et à la culture espagnoles et barcelonaises et cela a constitué pour moi un problème dans certains cas. Il me semble que les romans policiers habituels de Montalbán n’ont pas cette difficulté.
Ces nouvelles baignent dans un climat de nostalgie et de déception tout à fait caractéristique et plein de charme. C’est ce que j’ai préféré.

Barcelone depuis le parc Güell. M&M
Una pequeña estatua, pero muy digna, muy pulcra… como sin duda era el señor Mendès France. Pero Pierre no estaba solo. A su lado había un hombre, con los pies firmes sobre el césped, con los brazos cruzados sobre su gabardina, cubierto con un sombrero de fieltro beige y una sonrisa de éxtasis en el rostro, los ojos casi cerrados… como si estuviera gozando muy profundamente por algo que se estaba contando a sí mismo, o recordando.

Une petite statue, mais très digne, très délicate… comme sans doute l’était monsieur Mendès France. Mais Pierre n’était pas seul. À son côté, se tenait un homme, avec les pieds bien posés sur la pelouse, avec les bras croisés devant la gabardine, coiffé d’un chapeau de feutre beige et un sourire d’extase aux lèvres, les yeux presque fermés… comme s’il était en train de jouir intensément de quelque chose qu’il était en train de se raconter à lui-même ou qu’il se rappelait.

Merci Ysabel pour m'avoir prêté ce livre. Participation au mois espagnol de Sharon.




2 commentaires:

Sharon a dit…

Merci pour ta participation !
Ces nouvelles ont paru en français dans le recueil Le petit frère que je viens de lire.

nathalie a dit…

Comme par hasard ! J'irai lire ton billet bientôt alors.