Mika Biermann, Booming, un auteur allemand de langue française et un roman paru en 2015 aux éditions Anacharsis.
Un western quantique.
Lee Lightouch et Pato Conchi cheminent vers Booming,
un endroit où il est déconseillé de se rendre, mais Pato a entendu dire que sa
femme s'y trouvait en compagnie d'un certain Kid Padoon. Ce ne sont pas des
cow-boys : leur seule arme est une machette et Lee est artiste peintre.
À Booming, tout est figé et a la dureté du
silex : les gens, la nourriture, les mouches arrêtées au-dessus d'un
cadavre de cheval et une balle de révolver filant vers un adolescent. Changés
en pierre ? Pas vraiment... Les deux amis se séparent et c'est alors que... À
Booming, le temps ne passe pas à la même vitesse pour tout le monde, une même
personne peut se trouver dans deux instants différents du temps et les morts ne
le restent pas toujours. Les règlements de compte risquent d'être un peu
compliqués.
Il finit son whisky, bien mauvais d'ailleurs. Il avait bu pire, mais pas souvent. Ce qu'il aimait, c'était, c'était du champagne avec une goutte de sirop de figue. Il adorait le vin noir de Smyrne. Il ne crachait pas sur un verre de raki turc. Dans cette contrée, on avalait partout du whisky fait à base d'épluchures de patates et de la bière faite à base d'épluchures de patates. Il avait vu des durs à cuire vomir leurs tripes. Il n'aimait pas les cow-boys. Ils n'avaient jamais vu Rome.
L. Grasso, Studies into the past, collection privée, M&M. |
J'ai dévoré ce livre. Les rebondissements sont sans
fin alors que le nombre de personnages est réduit. On s'attache à Lee et Pato
en se demandant s'ils vont réussir à se retrouver. L'écriture, au présent, est
très sèche et s'attache surtout à décrire les actions (apparemment) successives
avec une apparente objectivité. Le lecteur se demande sans cesse si le cours du
temps peut être stoppé ou inversé par les héros. Les actions sont décrites de
l'extérieur, avec peu de liens logiques ou de causalité – ne sont-elles pas
susceptibles de bifurquer à chaque instant ? Certains événements qui font habituellement
l'objet d'une seule phrase ou de quelques mots (un homme abattu d'une balle
dans la tête par exemple) peuvent donner lieu ici à une longue description.
C’est une certaine prouesse.
Un plaisir de lecture.
Ce roman contient bien sûr de nombreux clins d'œil au
cinéma, ce qui a pu me rappeler le ton d'Avaler du sable.
Son corps est mu d'étranges soubresauts. Pas un son
ne sort de sa bouche. La corde grince. Une veine sur la tempe enfle. Routine
folle de la mort.
Les trois canailles observent, têtes penchées sur
l'épaule. Ils font penser à trois visiteurs de musée en train de contempler un
chef-d'oeuvre assurément baroque.
Challenge "Il était une fois dans l'Ouest".
L’avis de Mes imaginaires et l’avis plus documenté de Charybde.
Oh, ça, ça me plaît !!!
RépondreSupprimerC'est très distrayant. Je peux te le passer en numérique si tu veux.
SupprimerOK ! :)
SupprimerUn western quantique ? Rien que cela m'aurait fait fuir !
RépondreSupprimerPetite nature, va !
Supprimer