John Sheridan Le Fanu, Carmilla, 1871, traduit de l’anglais par
Jacques Papy.
Un roman qui s’inscrit dans la
droite ligne des romans gothiques, romantiques et fantastiques plus connus.
C’est une jeune femme qui
raconte. Nous sommes donc dans un château quelque part dans la forêt profonde
autrichienne, il y a un village abandonné pas très loin, et l’héroïne vit seule
avec son père et quelques domestiques. À la suite d’un incident, une jeune
fille, Carmilla, se voit hébergée au château. Elle est merveilleusement belle et
s’attache passionnément à la narratrice (oui, c’est assez ambigu) qui tombe
bientôt mystérieusement malade…
G. Doré, Souvenir des Alpes, avant 1857, Musée Fabre de Montpellier |
L’intérêt de ce court roman
provient sans doute de ce qu’il joue, rejoue et surjoue des codes et des
thématiques familières. Tout est un peu trop exagéré : les détails du
décor, le langage (je me suis demandée si la traduction n’en rajoutait pas), le
sentiment. Cela n’empêche pas le lecteur d’être curieux de connaître la suite
des événements, de s’attacher à l’héroïne et d’apprécier cette atmosphère
étouffante et effrayante. Le lecteur moderne qui a lu quelques autres romans se
rend assez vite compte de ce qui se passe (mais je ne vous le dirai pas). Le
Fanu réussit parfaitement à décrire l’emprise qu’un monstre (dirons-nous) peut
exercer sur sa victime. Son ton mêle une évidente sensualité à la mélancolie et
traduit la douceur de la souffrance et la beauté de la mort.
J’ai oublié toute la partie de
mon existence antérieure à cet événement et la période qui le suivit
immédiatement n’est pas moins obscure ; mais les scènes que je viens de
décrire sont aussi nettes dans ma mémoire que les images isolées d’une
fantasmagorie entourée de ténèbres.
J'avais beaucoup aimé cette lecture, surtout pour l'ambiance :)
RépondreSupprimerOui, il est court mais assez puissant.
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