Kristín Marja Baldursdóttir, Karitas, tome 1 : L’Esquisse d’un rêve, traduit de
l’islandais par Henrý Kiljan Albansson, parution originale en 2004.
Un bon gros roman avec une
héroïne !
Le livre commence en 1915, dans
un petit port d’Islande. Une veuve, mère de six enfants, décide de quitter la
maison familiale pour rejoindre la ville du nord, Akureyri, afin de gagner de
l’argent pour payer des études à ses fils et à ses filles. Voici une mère
déterminée, fière du droit de vote des femmes (depuis 1915 en Islande – oui) et
bien décidée à ce que tout le monde réussisse. Karitas, l’héroïne, aime peindre
et dessiner. D’ailleurs chaque chapitre du roman commence par la description
d’une de ses œuvres, évoquant un moment de son existence. Elle part étudier à
l’Académie des beaux-arts de Copenhague, mais quand elle revient… Comment donc
être une artiste si l’on tombe amoureuse d’un marin pêcheur qui vous fait des
enfants ?
C’est parce que tu recherches le chaos. Si tu peignais les montagnes et les visages rien ni personne ne te quitterait.
Le charme premier de ce roman
vient de son évocation réussie de la vie en Islande dans la première moitié du
XXe siècle. Travail du hareng, rythme des saisons, nécessité de
faire des réserves de nourritures en prévision de l’hiver avec l’alternance de
viande séchée et de viande fraîche, vie des femmes de pêcheurs, fermes
construites en tourbe, distance entre les sexes… mais aussi l’incroyable
dynamisme des hommes et des femmes de ce petit pays bien déterminé à lutter dans
la course pour la modernité (qui ne sera indépendant du Danemark qu’en 1944).
S. Gudmundsson, Bow, 1976, Centre Pompidou, RMN. |
Est-ce que cela pourrait avoir été une artiste peintre ?
Les autres secouèrent la tête lentement et même Halldóra regarda en l’air avec une expression fatiguée. Non, elles n’avaient jamais parler de telles femmes, par contre des histoires d’hommes qui peignaient ainsi des tableaux étaient venues un jour à leurs oreilles mais pour la plupart ceux-ci vivaient à l’étranger.
Karitas est une jeune femme qui a
reçu une éducation à la fois moderne et traditionnelle, amoureuse de son beau
marin, qui aime ses enfants, alors que ceux-ci constituent un poids et un frein
à sa carrière d’artiste. Difficile de concilier le manque de lumière en hiver,
les réticences des habitants devant l’art, la nécessité des travaux des champs
avec la peinture. C’est une artiste moderne, qui se lance bientôt dans le
collage à partir des éléments du quotidien, refusant de peindre de jolis
portraits ou de beaux paysages – alors que tout le monde lui chante le charme
des montagnes islandaises. Sa détresse et son incapacité à vivre la vie
ordinaire des autres femmes sont bien rendues, ainsi que la solidarité
silencieuse qui existe entre ces femmes pour permettre aux plus faibles d’entre
elles de manger et de survivre à l’hiver.
J’ai été frappée par l’importance
des sagas lues le soir en famille et par l’approvisionnement par bateau, sauf
quand il y a la banquise, qui amène une tablette de chocolat qui doit durer un
an.
Les jupes noires du dimanche
caressent les congères.
Nous en soulevons le bas en
essayant de marcher dans d’anciennes traces de pas jusqu’à ce que nous
arrivions dans la rue où la neige a déjà été piétinée. Nous laissons alors
retomber les lourds ourlets, pressons le pas, marchons côte à côte. Les jupes
se soulèvent légèrement de droite à gauche avec un rythme souple et régulier.
Je
lirais bien la suite !
J'ai adoré ! J'ai la suite dans ma pal, si tu veux qu'on se fasse une lecture commune, envoie moi un message !
RépondreSupprimerJe voudrais bien mais il faut que j'achète le second volume car je ne l'ai pas.
RépondreSupprimerc'est trés bien. c'est vrai l'énergie, le courage et l'intelligence. j'ai le deuxième, emprunté à la bib. si tu le veux qd je reviens, je l'emporte avec moi.
RépondreSupprimerJe l'ai trouvé à la librairie du musée du Havre ! Mais il paraît qu'il y a trois volumes en tout... ce sera un long voyage.
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