Hella S. Haasse, En la forêt de Longue Attente, traduit
du néerlandais par Anne-Marie de Both-Diez, parution originale 1949.
Un roman historique sur Charles
d’Orléans. Qui ça ? Famille de sang royal, guerre de Cent ans, Charles VI
le roi fou, Azincourt et une poésie qui vous rappellera peut-être quelque
chose : « L’hiver a laissé son manteau de froidure et de
pluie… » En 670 pages, Haasse nous raconte la vie de Charles d’Orléans, de
la naissance à la mort, en expliquant le contexte, la famille royale et toutes
ces sortes de choses. C’est tout à fait clair – j’ai enfin compris quelque
chose à cette histoire d’Armagnac et de Bourguignon – et c’est un plaisir de
découvrir cette période d’une façon aussi simple et agréable.
Orléans fit un signe aux majordomes. Les rideaux de cuir devant l’entrée de service s’ouvrirent, et un cortège de figures masquées et costumées apportèrent les desserts. Des hommes déguisés en sauvages, couverts de feuilles et de fruits, apportèrent un énorme plateau sur lequel un paysage de montagne fait de gâteaux et de sucreries, entourait un lac où nageaient des cygnes ; c’était un hommage à Isabeau, censée y reconnaître la Bavière, son pays natal.
C’est un roman de facture tout à
fait classique qui semble assez fidèle aux principaux faits historiques. En
revanche, Haasse ne cherche pas à reconstituer un quotidien ou des habitudes
qui nous sont trop étrangères, elle ne semble pas s’être documentée sur les
habitudes, les ustensiles, les vêtements, les meubles. Pas ici de vocabulaire
qui nous serait étranger. Elle ne craint pas non plus de se projeter dans la
psychologie des différents personnages, en particulier de son héros, un personnage
indécis et manquant de charisme, une sorte d’Hamlet, un poète de cour, un
personnage tendu entre ses aspirations personnelles et le poids des devoirs, du
fait de ses liens de famille et de fidélité. Le roman explique très bien les
liens de famille et de féodalité, avec notamment une très bonne explication sur
les mariages arrangés avec les enfants, qui nous dégoûtent tant que l’on ne
perçoit plus leur fonctionnement et raison d’être. Ils s’insèrent ici
naturellement dans les politiques diplomatiques les plus diverses.
Le château de Blois, photographie conservée au Mucem. |
Haasse donne une épaisseur
humaine à ces figures d’enluminures et à ces intrigues qui nous sont devenues
obscures et beaucoup de vie et de chaleur à cette époque dure et violente.
Je l’ai lu avec bon appétit et j’ai
envie de visiter à nouveau le château de Blois.
Charles écoutait, retenant son
souffle – il n’avait jamais entendu dire que son père écrivait des vers ;
il en fut profondément surpris. Le chant d’Herbelin parlait d’un chevalier
errant à travers une forêt, la forêt de Longue Attente. Charles ne comprenait
pas ; il se rappelait vaguement que, l’après-midi, sa mère avait parlé
d’attente – mais qu’était-ce donc que cette forêt ?
L’avis de Dominique et de Claudia Lucia toujours plus éloquentes que moi.
Comment ça "Qui ça ?" ! C'est le roman que je voulais lire de Hella Haasse et je n'ai malheureusement pas pu mettre la main dessus pour mes vacances... ce n'est que partie remise.
RépondreSupprimerEt surtout, si tu viens à Blois, fais-moi signe : c'est juste à côté de chez moi !
Moi j'avais un vague souvenir de la poésie mais c'est tout.
SupprimerUne romancière hollandaise qui écrit sur un personnage historique français... Je ne suis pas sûre que le sujet m'intéresserait, il est fort loin de ce que je connais en histoire.
RépondreSupprimerC'est le titre qui me plaisait le plus, je ne connais pas ses romans.
SupprimerHa ça pourrait m'intéresser (et j'habite aussi près de blois ^_^)
RépondreSupprimerOh il y a moyen de faire un séjour culturel et amical alors ! Ce serait une bonne idée.
SupprimerJe l'ai lu il ya très très longtemps et ce seul roman m'a suffi pour mettre Hella S.Haasse dans mes écrivains favoris. Depuis j'ai lu La source cachée (qui ne m'a pas plu) et Les seigneurs du thé, belle saga sur la présence hollandaise en Indonésie.
RépondreSupprimerPremier titre lu, mais je compte bien fureter dans le reste de sa bibliographie.
SupprimerIl a l'air complètement différent du titre que j'ai lu, et qui m'a laissé une impression mitigée. De quoi me donner envie malgré tout de donner une seconde chance à cette auteure..
RépondreSupprimerOui j'ai vu que tous ses titres n'avaient pas été également appréciés, pour ma part je découvrais l'auteur.
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