En ce moment se tient à Paris une exposition sur les Black dolls. Poupées noires ?
Aux États-Unis, jusqu’aux années 1940, le commerce ne proposait que des poupées blanches. Dans un pays où l’on pratiquait l’esclavage, puis la ségrégation, les enfants noirs ne disposaient pas de poupées de couleur noire, mais que de poupées blondes aux yeux bleus. Heureusement des femmes noires ont fabriqué des poupées pendant des années et des années.
En voilà une exposition passionnante ! Elle entre dans le quotidien de milliers de familles américaines.
Ces poupées appartiennent toutes à une collection privée. Elles sont remarquables par leur diversité. Fabriquées à partir de restes de tissus, de sacs de farine, de doublures, de chaussettes. Fabriquées par des femmes anonymes noires (bien sûr, le seul nom de créatrice connue est celui… d’un homme). Fabriquées sans doute en cachette, pour les enfants de la famille. Les poupées sont vêtues de couleurs vives, celles qui étaient interdites aux noirs jusqu’à la fin de l’esclavage.
L’exposition établit un lien entre ces poupées et les quilts.
L’exposition montre également des photographies d’enfants posant avec leur poupon. Des enfants noirs posant avec de belles poupées blanches du commerce (parce qu’il faut montrer en photographie ses signes de réussite sociale ? de normalité sociale ? et cacher les objets de l’humiliation ?) ou avec des poupées noires cousues à la main. Des enfants blancs posant avec de belles poupées blanches et des poupées noires artisanales (parce que c’est le doudou commun ? parce qu’il a été confectionné par la nourrice noire ? Quelle est la place de ces femmes auprès de ces enfants blancs ?).
Sur cette photo toute la famille est là : les enfants, la poupée, la chèvre, le chien, le paon.
Elle se clôt sur un film montrant des enfants noirs et blancs déclarant sans ambiguïté que la poupée blanche est la plus belle et que la poupée noire est la plus laide et la plus méchante. Ces enfants nous fendent le cœur.
Les yeux de ces poupées, cousus, brodés, déchirés, ornés, réparés, troués, ont vu bien des histoires. Ils nous plongent au cœur des familles noires américaines.
Une exposition à voir à la galerie Maison rouge, à Paris, jusqu’au 20 mai 2018.
Même si les poupées me font peur, j'aurais bien aimé voir cette expo.
RépondreSupprimerBon dimanche, Nathalie...
Elle était vraiment passionnante.
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