La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 11 septembre 2018

Quel poète a jamais mis en scène une histoire aussi extraordinaire ?

Chariton, Callirhoé, traduit du grec ancien par Romain Brethes, écrit entre la fin du Iersiècle avant J.-C. et la fin du Iersiècle après J.-C., édité par Les Belles lettres dans l’anthologie Romans grecs et latins.

Tout commence à Syracuse, en Sicile. Callirhoé, une jeune femme à la beauté proprement divine, aime Chairéas. Ils se marient. Le roman est-il déjà fini ? Que nenni ! À cause d’un complot et de sa bêtise, Chairéas tue Callirhoé qui est enterrée fastueusement. C’est alors que le roman commence… Car des pirates arrivent pour piller le tombeau, or Callirhoé n’est pas morte, donc ils l’enlèvent, la vendent comme esclave à Millet et quand Chairéas apprend la nouvelle, il s’embarque, mais il est lui aussi réduit en esclavage, manque d’être crucifié, etc. etc. etc. Ce roman nous emmènera jusqu’à Babylone auprès du roi de Perse (autant dire le bout du monde).

Et ces deux êtres magnifiques dont elle avait formé le couple, Aphrodite voulut les rendre l’un à l’autre après leur avoir infligé bien des peines sur terre et sur mer. Je pense que ce dernier livre sera particulièrement agréable à mes lecteurs, car il permet de dissiper les malheurs des chapitres précédents. Adieu brigandages, esclavages, procès, combats, suicides, guerres et conquêtes ! Place aux honnêtes amours et aux mariages légitimes.

On a ni plus ni moins affaire à un roman du XVIIeou du XVIIIesiècle, quand les héros jeunes et beaux sont sans cesse séparés de leur bonheur. Je dois dire que je me suis régalée et que j’ai achevé ma lecture en deux jours. Si Chairéas n’est pas un personnage très intéressant (il ne pense qu’à se tuer, pfff), Callirhoé se débrouille bien mieux. La terre entière est amoureuse de sa beauté, au point où elle est confondue à plusieurs reprises avec Aphrodite. Les hommes succombent les uns après les autres, dans un monde où les femmes, esclaves, même quand elles sont nées libres, ont peu leur place. Et pourtant… elle ruse. Surtout, Chariton construit son récit avec de nombreux coups de théâtre, quiproquos et révélations (faire mourir son héroïne dans les premières pages est d’ailleurs une jolie habileté). Le lecteur en sait toujours plus que les personnages et suit leurs divagations avec délectation.
Le thème a donné lieu à des réinterprétations plus récentes, j’en ai une de Maurice Sand sur mes étagères !

Mosaïque des colombes provenant de la villa Hadrien, Musée du Capitole.
La Rumeur, rapide par nature, les précéda, et elle était d’autant plus disposée en cette occasion à révéler des nouvelles aussi inattendues et extraordinaires. Tous les habitants se précipitaient en direction de la mer et la foule était animée en même temps des émotions les plus diverses : les gens pleuraient, s’étonnaient, s’interrogeaient, montraient de la suspicion. Ce récit invraisemblable les avait ébranlés.

Chariton a vécu en Asie mineure, dans l'actuelle Turquie. Il écrivait en grec.




4 commentaires:

Dominique a dit…

une histoire totalement séduisante

nathalie a dit…

C'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes !

miriam a dit…

Cela fait très envie!

nathalie a dit…

C’est le but.