Raymond Chandler, The long goodbye, traduction de l’américain par Janine Hérisson et Henri Robillot révisée par Cyril Laumonier, parution originale 1953.
Le narrateur, Philip Marlowe, aide un soir un ivrogne à conserver sa dignité. Il le revoit quelquefois ensuite et sympathise. Un jour Terry Lennox lui demande de l’aider à passer sa frontière, un peu comme s’il venait de tuer sa femme, sauf que ce n’est pas sûr. Ensuite… Marlowe passe quelques jours en prison, ne dit rien, des tas de gens lui disent de s’occuper de ses oignons et il accepte de retrouver un écrivain alcoolique qui a disparu.
Comme Lonnie Morgan du Journal l’avait fait remarquer, c’était bien commode. Si Terry Lennox avait tué sa femme, tout était pour le mieux. Il n’y avait pas besoin de le juger et d’exhumer tous les détails sordides. S’il ne l’avait pas tuée, tout était également pour le mieux. Un mort est le bouc émissaire idéal. Ce n’est pas lui qui vous contredira.
Comment ça, c’est décousu ? Tsss. Un très bon cru marlowien, avec un roman qui prend le temps de s’étaler au fil des semaines et des mois. L’atmosphère, le climat, la ville sont très bien décrits. Sont davantage présents les clients ordinaires d’un privé. Les policiers bons ou mauvais sont bien représentés. Le héros, de plus en plus désabusé, conserve son attachement à la virilité occidentale (dommage pour les autres) et semble considérer le crime et plus généralement la lâcheté et les renoncements ordinaires comme les revers obligatoires de la civilisation américaine. Finalement ce genre de roman pourrait ne jamais s’arrêter.
Encore une fois, la dernière page tournée, les crimes soi-disant élucidés ne le sont qu’en partie. Dans la tête du lecteur traîne une hypothèse non formulée, et puis une autre, qui n’est pas démentie par le récit. La vérité est une chose relative et un peu poisseuse.
Il y a une très longue description de la bonne façon de faire du café.
Dans mon boulot, il y a un moment pour poser des questions et un autre pour laisser barboter votre interlocuteur dans son bain jusqu’à ce qu’il en ait marre. Tout bon flic sait ça. C’est un peu comme les échecs ou la boxe. Il y a des gens qu’il faut bousculer et déstabiliser. D’autres qu’il suffit de cogner et qui s’écroulent tout seuls.
Chandler sur le blog :
J. et J. Martel, Le Faucheur, 1941, bronze, musée de Boulogne Billancourt. |
Toujours fidèle à Chandler. C'est bien.
RépondreSupprimerJ'en lis un par an pour me maintenir en forme !
Supprimerha ce Philip !
RépondreSupprimerVouiiiii.
Supprimerje repousse toujours le moment d'aborder Chandler que je connais de nom mais pas lu
RépondreSupprimerJe ne saurais pas te conseiller un titre par lequel commencer. Le Grand sommeil est le plus connu, mais je ne sais pas si c'est le plus agréable.
SupprimerRobert Altman en a tiré un excellent film, "le Privé " avec Elliott Gould en Marlowe, un chat difficile, et un jeune figurant nommé Schwartzenegger en slip jaune.
RépondreSupprimerOh je ne savais pas ! Altman décidément...
Supprimer