La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 5 janvier 2019

Balade au château d'If

Partons aujourd’hui dans un coin de Marseille connu dans le monde entier (oui !), j’ai nommé le château d’If (au cœur du VIIearrondissement et de la mer Méditerranée).
Sur un bout de rocher dépourvu d’ombre et de végétation, le château d’If se dresse. Ses murs font plusieurs mètres d’épaisseurs et sont assez impressionnants. Sa construction a été décidée après François Ierpour défendre la ville des invasions (ici se jouent des épisodes mouvementés avec nos voisins italiens et espagnols). Rappelons qu’à l’époque la flotte des galères royales se trouve à Marseille. Le château est aussi une prison d’État destinée à enfermer les ennemis de l’État, les prisonniers de droit commun, les fils de famille claquant l’héritage comme Mirabeau. Et franchement, les conditions d’enfermement sont effarantes.
If accueillit également, si l’on peut dire, de nombreux prisonniers après 1848 et 1871 – car tout le monde ne s’est pas résigné à la fin de la république. 
Le château d’If est ouvert au public depuis 1880.
Mais si le lieu est célèbre, c’est bien sûr parce qu’il constitue le décor fameux du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas.
Tous ces pauvres gens ont laissé des inscriptions gravées partout sur les murs, mais certaines sont plus impressionnantes que d’autres. Ainsi, je découvre un nouveau sens au mot mémorial.
Les prisonniers de 1848 ont créé un mémorial gravé dans la pierre. La frise de 25 mètres court à hauteur d’homme dans la cour. 96 graffitis. 9 tailleurs de pierre professionnel ont été identifiés. Cet ouvrage a été rendu possible par la collaboration entre prisonniers, l’accord des gardiens et du préfet.
Un second mémorial a été réalisé par les communards, les prisonniers de 1871. 
Aujourd’hui ces inscriptions sont difficilement lisibles. Le temps, l’érosion, les intempéries, les dégradations ont fait leur œuvre. Nous avons besoin des guides et des livrets pour nous repérer. Elles gardent néanmoins tout leur pouvoir d’émotion.



Hôtel du peuple souverain, inscription de 1848.
Lors de ma visite, j’ai songé à ce que pourrait faire d’un tel lieu la muséographie anglo-saxonne (avec des mannequins pour représenter les soldats et les prisonniers, des rats empaillés, des bruits de voix et de tempêtes et autres), mais la nudité extrême du lieu nous renseigne tout autant sur la rigueur et la désespérance de l’endroit.

Comment y aller ? Prendre la navette maritime depuis le Vieux port de Marseille. Après votre visite, selon la saison, vous pourrez aller pique-niquer dans les îles du Frioul.

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Pour la bonne bouche, le poème aux rimes en -if du marquis de Pompignan en l'honneur du château.

8 commentaires:

eimelle a dit…

un endroit que je n e connais que par la littérature!

Anonyme a dit…

Je n'ai jamais posé les pieds sur cet îlot ! Pourtant, j'ai plongé juste à côté...
Syl.

nathalie a dit…

Moi aussi jusqu'il y a quelques mois, la honte.

nathalie a dit…

La prochaine fois ?

Tania a dit…

Vu de loin, sans avoir particulièrement envie de le visiter. Merci pour tes photos de détails.
(après 4 ou 5 séries d'images à cocher, je fais encore un essai, puis j'abandonne, pour info)

claudialucia a dit…

Et moi des années que je n'y suis allée. Je ne me souvenais pas de ces graffiti. Tu as raison,la pierre nue et les inscriptions sont parlantes !

nathalie a dit…

J'ai attendu des années avant d'y aller, ça me semblait trop ordinaire (je suis quelquefois un peu snob).
Et pour les commentaires... sur mon propre blog, depuis mon propre ordi, depuis chez moi, il faut que j'identifie les escaliers et les feux rouges, alors je ne sais plus quoi faire.

nathalie a dit…

Il faut dire qu'une expo du CMN mettait en avant ces graffitis. C'était très intéressant.