La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



dimanche 14 juillet 2019

Il y a une raison pour laquelle les films d’horreur se passent loin des métropoles.


Antônio Xerxenesky, Malgré tout la nuit tombe, traduit du brésilien par Mélanie Fusaro, parution originale 2017, édité en France par Asphalte.

Je ne sais pas si c’est un thriller ou un roman d’horreur, mais voici de quoi frissonner malgré la chaleur !
L’héroïne, Alina, vit à São Paulo. Elle est spécialiste de l’occultisme, mais exerce un boulot minable, avec une vie peu intéressante. Jusqu’au jour où la police la contacte pour demander son aide au sujet d’une secte un peu bizarre. Rationnelle, sceptique, et même sans aucune empathie ni bienveillance pour les croyances, voici la jeune femme embarquée dans un rituel.

Des œuvres d’une violence extrême mais capturée de manière artificielle, avec du sang orange, et presque toutes très sexualisées, captivantes, objectifiant le corps féminin avec une caméra voyeuriste, comme si le réalisateur était un pervers désireux de partager ses fantasmes avec un public à dominante masculine.

Le roman joue du contraste entre deux réalités distinctes. L’une est celle de la grande ville, avec les gratte-ciels, l’usage intensif des applications sur le téléphone, les bières et la solitude des trentenaires. Ici les pauvres se trouvent dans les quartiers périphériques et menacent sans cesse les privilégiés (qui ne sont que les membres de la classe moyenne). De l’autre côté, l’occultisme, l’hypnose, des psalmodies, une ombre qui apparaît pour suivre les personnages. Est-ce une illusion ? une projection des angoisses personnelles ? une manipulation ? ou le vrai surgissement d’une autre réalité ? Le lecteur ne saura pas vraiment puisqu’à la fin du roman le jour se lève. Les ombres disparaissent. Le lecteur ne sera pas présent pour voir ce que devient l’héroïne avec le retour de la nuit.
C’est un roman plutôt angoissant et je ne suis pas sûre qu’il faille le lire avant de dormir. Le récit de la fête d'anniversaire dans un squat me semble particulièrement bien fichu : on est dans un univers familier tout en se demandant ce qu'il va bien pouvoir se passer - c'est ça, l'angoisse. Il y a pas mal de références à des films d’horreur, mais moi, je ne les ai pas vus et ça ne m’a pas gênée. Le mélange des genres entre modernité en fin de course et croyance souterraine est plutôt bien mené. Une lecture distraction réussie !

Bête féroce du XIIe siècle conservée au Musée d'art de Gérone.
Le chauffeur a tapé le nom de ma rue dans son GPS, qui a aussitôt dessiné un trajet avec des lignes jaunes à travers le plan de la ville. Ce geste banal, l’utilisation de la technologie au quotidien, le fait d’appuyer sur des boutons en sachant que des satellites vont relayer des informations sur la circulation dans chaque rue, tracer un itinéraire personnalisé en quelques secondes pour un chauffeur qui n’a pas la moindre aptitude scientifique, grâce à une communication constante entre notre planète et quelque chose qui tourne en orbite autour d’elle, tout cela m’a replongée dans la réalité.


Est-ce à cause de l’humour ou du côté western ? J'ai quand même préféré Avaler du sable.


4 commentaires:

BlueGrey a dit…

Un roman angoissant pour cet été ? Pourquoi pas ! ^^

nathalie a dit…

Il en faut toujours un pour transpirer lors des nuits bien chaudes !

Fanja a dit…

Hé bien dis donc, avec BlueGrey vous avez tapé fort dans les ambiances tendues.:) Bon, comme je disais sur FB, très probable que j'opte plutôt pour Avaler du sable pour découvrir cet auteur.

nathalie a dit…

Oui sans se concerter nous avons choisi le même éditeur et la même ambiance sympa !