La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 20 septembre 2019

Oh ! le confort d’être sceptique, aussi douillet que des draps en soie…

Éric Faye, La Télégraphiste de Chopin, paru en 2019 au Seuil.

Une petite déception.
À Prague, en 1995, un journaliste est chargé de réaliser un documentaire sur une femme qui prétend que Chopin lui apparaît régulièrement pour lui dicter des partitions. D’ailleurs, un disque doit sortir prochainement. L’enquête commence.

Celui que nous aimerions être n’est-il pas notre pire ennemi ? C’est un tueur à gages qui nous poursuit toute notre vie et nous tue, oui, mais à petit feu, sans jamais ouvrir le feu.

Au départ, il y a deux axes prometteurs dans ce petit roman. Tout d’abord, celui de la médium, des morts, des cimetières, de la musique, avec une atmosphère un peu brumeuse et romantique. Il se croise avec une seconde thématique, celle de l’ère post-soviétique, avec un ancien policier devenu détective, les filatures, le passé compliqué, les retournements de veste, les complots et les trahisons, le monde un peu glauque en train de devenir capitaliste. Tout cela est franchement pas mal du tout. Il est notamment dit qu’après la chute du mur concevoir une supercherie digne des romans d’espionnage est devenu obsolète et je trouve que cette petite musique-là est bien vue. Malheureusement, à mon sens, le personnage du journaliste gâche tout. Rationaliste (c’est bien), borné (c’est pénible), ayant besoin de toute une rhétorique bien lourde pour avancer une hypothèse un peu différente… Il apparait comme un vieux ringard et plombe un peu le récit. Ne peut-on pas refaire le roman sans lui ?
Ce roman m’a donné envie de relire Le Mystère des trois frontières du même auteur dont je garde un bon souvenir.

Les pavés étaient humides et particulièrement glissants mais, à tout prendre, il préférait risquer une entorse plutôt que de perdre du terrain et laisser filer la femme qui trottait trente mètres devant lui, femme qui, s’il avait bien compris les explications de Slaný, communiquait avec Frédéric Chopin un siècle et demi après la mort de celui-ci.
Mucha, La Musique (étude), 1898, Fondation Mucha.


4 commentaires:

miriam a dit…

entendu parler de cet ouvrage sur France Musique, mais pas trop tentée

nathalie a dit…

On a tellement le choix, autant aller à ce qui nous plaît davantage !

Ma libraire claudialucia a dit…

Ah! ces romans dont on aimerait refaire une partie!! C'est dur, parfois, de ne pas être à la place de l'écrivain. Mais je ne donnerais pour rien au monde ma place de lecteur !
le thème de départ me plaît bien.

nathalie a dit…

Oui en général l'envie me prend quand il y a beaucoup de choses qui me plaisent. C'est une forme d'encouragement (ou mon côté prof refoulée !).