J’inaugure une série de billets peinture, dont le prétexte sera le calendrier chrétien du printemps. En gros, nous allons suivre toutes les étapes de la Passion.
Toutefois, pour le moment, nous n’en sommes pas là. Les catholiques se trouvent depuis le 26 février dans le carême, cette longue période de 40 jours, période de jeûne en signe de pénitence avant la fête de Pâques, période où le croyant est invité à réfléchir à sa pauvre condition. Peu de catholiques suivent cette tradition (ou alors ils se contentent de se priver de chocolat), mais j’en ai rencontré !
J’aurais pu vous montrer des peintures avec des plats de poissons, mais j’ai décidé d’étendre le sujet aux natures mortes, qui sont en quelque sorte la variante séculière de la vanité. Il s’agit bien de montrer la brièveté et la fragilité de la vie, on n'est pas si loin !
Exceptionnellement, il ne sera pas question aujourd’hui de Chardin, mais de Claesz… ou des Claesz ! En effet, grâce à Wikipedia, je découvre qu’il y en a plusieurs, que je mélange totalement.
D’un côté, nous avons Pieter Claesz (1596-1661). Et de l'autre, nous avons Willem Claeszoon Heda (1593-1680) qui abrège souvent son prénom en Claesz. Je les mélange totalement. Et ils ne sont même pas de la même famille...
Willem Claeszoon Heda, Nature morte, 1635 Met |
Des huîtres et un citron (on mange maigre !). Les objets renversés, prêts à tomber. Les fruits ouverts, montrant leur pulpe, bientôt desséchée. Tout comme les huîtres, dont la chair tremblotante va bientôt se figer. Tout est fragile, vous dis-je.
Willem Claeszoon Heda, Nature morte à l'aiguière, 1643, Petit Palais |
Les natures mortes jouent sur le contraste entre le vide et le plein, entre un fond vide et neutre et une table surchargée, entre le vide de la représentation et la survalorisation du métier du métier du peintre, entre les contenants vides et renversés, en position instable, montrant leur intérieur, avec ce couteau toujours en surplomb, et ce trop plein de signification...
Claesz Pieter, Nature morte, vers 1635 Gemäldegalerie Berlin |
Un verre tout en transparence, troublé par le liquide transparent. Des plats en métal avec des reflets qui se reflètent dans les reflets (tout est fait pour faire admirer la virtuosité de l'artiste). Et juste une olive. Un camaïeu de bruns et de gris.
Willem Claeszoon Heda, Nature morte avec tarte, 1634, Thyssen Bornemisza |
Une tarte éventrée, émiettée, mangée, qui va s'abimer inexorablement, le citron va tomber, les verres sont renversés, mais quand même on montre les transparences multiples (la double épaisseur du verre, l'épaisseur de l'eau), les reflets du métal, le blanc de la nappe qui n'est pas du même blanc partout... Tout est éphémère, mais quand même la peinture est immortelle !
Baugin, Le dessert de gaufrettes, 17e Louvre, image RMN. |
En bonus, les célèbres gaufrettes du Louvre, juste pour le plaisir de les casser en les grignotant.
La semaine prochaine : des natures mortes du XIXe siècle.
Merci pour ce billet informatif, et beau à regarder!
RépondreSupprimerIl serait dommage de laisser dormir ces images dans l'ordinateur.
Supprimerton billet tombe bien, l'exposition Cézanne, les Maîtres, le Rêve d'Italie montre comment Cézanne s'est (peut être) inspiré des vanités avant de peindre ses natures mortes. Très belle exposition qui sera peut être la dernière avant la fermeture des musées pour cause de coronavirus
RépondreSupprimerJe vous montrerai un peu de Cézanne la semaine prochaine.
SupprimerC'est parti pour la Passion alors, à commencer par ces belles tables. Merci ! J'aime l'idée de ton parcours artistique vers Pâques !
RépondreSupprimerAlors la Passion ne commence qu'aux Rameaux (je vais faire des rappels théologiques !) mais oui c'est un prétexte comme un autre pour montrer de belles choses.
Supprimerc'est magnifique je rêve de m'acheter un livre sur la peinture flamande mais le prix me fait faire demi tour
RépondreSupprimerLes beaux livres sont tellement chers que ça vaut le coup de visiter les musées !
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