La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 16 mars 2020

En France, on veut toujours vous coller des étiquettes.

Éric Chevillard, Prosper à l’œuvre, illustré par Jean-François Martin, 2019, éditions Noir sur Blanc.

Vous souvenez-vous de Prosper Brouillon ? Cet écrivain français, assez médiocre, mais tirant à des milliers d’exemplaires, faisant des phrases sur la littérature, et dont les romans sont nourris des extraordinaires bêtises vraiment publiées par de vrais éditeurs dans de vrais livres. Vous vous souvenez des rhododendrons de la passion et de l'Einstein de l'orgasme ?
Voici que Prosper est en train d’écrire un nouveau roman, un roman policier, qui enfilera tous les clichés du genre (encore que… ça manque de touche nordique, si je puis me permettre). 
Bien sûr, il n’y a pas la surprise du premier, ni peut-être la même subtilité. C’est plus méchant et certains trouveront peut-être qu’il n’y a pas à juger les plaisirs des lecteurs. Certes. Mais j’ai beaucoup beaucoup aimé. L’humour, l’ironie, le sourire sont ici appliqués avec une réelle expertise ! Il y a de bons et de mauvais calembours, une syntaxe malmenée, des phrases d’une grande finesse – on est souvent obligé de les lire deux fois pour voir où est le « truc ».
C’est un roman drôle qui raconte comment un mauvais écrivain écrit un roman sans originalité et plein d’enflures langagières au nom de la graaaande littérature. Les éditeurs, les lecteurs et les critiques en prennent autant pour leur grade.
C’est féroce, c’est drôle, c’est brillant, c’est intelligent. Je l’ai lu deux fois !

Ça vient tout seul, c’est beau. Prosper Brouillon ne connaît pas les affres de la création ni d’ailleurs la splendeur des abysses.
Ces grosses bulles qui crèvent à la surface, ce n’est pas une carpe qui respire.
C’est Prosper qui pense.

La rigueur scientifique nourrit l’inventivité constante de l’auteur : nous ne sommes pas très loin du fameux réalisme magique des grands écrivains sud-américains, nous en sommes à mille lieues.
 
En écrivant. Portrait de Ranc, 1703, Versailles.
L’avis de Keisha.

Chevillard sur le blog :



4 commentaires:

keisha a dit…

OKOK, je suis passée par là déjà. Mon regret, tiens j'y pense, ne pas avoir fait le plein d'autofictifs lors de mon passage éclair en urgence à la bibli...

nathalie a dit…

Je le lis un peu sur son blog, je ne pense pas que j'apprécierais l'autofictif en livre continu.

claudialucia a dit…

Euh! je ne connais pas mais alors pas du tout !

nathalie a dit…

Mais enfin ! Tu ne fréquentes pas de bons blogs littéraires ?