La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 18 août 2020

Viens, je veux me saouler de soleil et de fruits.

Louis Brauquier, recueil Et l’au-delà de Suez, 1923

« Litanies pour Notre-Dame-de-la-Garde »

Mère des émigrants sur le pont du voyage,
Mère des passagers évadés des naufrages
Et retour de la mer.

Cœur des aventuriers lassés des abordages
Et des beaux conquérants enivrés de mirage
Au départ pour la mer.

Amour du levant chaud, des côtes barbaresques,
Balancelle vivant dans un décor de fresque
En face de la mer.

Désir des exilés aux terres de sommeil,
Des grands enfants perdus qui cherchent le soleil
Sous le soleil de la mer.

Protectrice des petits dieux des corps impurs,
Borne de l’Orient rassasiée d’azur
Aux confins de la mer.

Vierge dont les yeux d’or dénombrent les mâtures
Des bateaux qui s’en vont, de ceux qui survécurent
Au péril de la mer.

Consignataire des hangars au long des môles,
Patronne des dockers haussant sur leurs épaules
Le trésor de la mer.

Gardienne du cargo qui s’en va vers Rufisque
Dans ce midi brûlant chercher des arachides
Au risque de la mer.

Épouse des marins contre l’incertitude
Qui reste et qui attend, hautaine, chaude et rude
Dressée contre la mer.

Sœurs des sœurs, des enfants, des femmes de la ville,
Qui mêle sa rumeur et son plaisir tranquille
Aux fastes de la mer.

Tournée sur l’horizon dans le geste de l’accueil,
Tournée sur l’horizon comme sur le cercueil
Immense de la mer.

Tu restes dans le ciel le signe et le haut phare,
La reine au règne d’or, celle qui qui tient l’amarre
Et maîtrise la mer.

Je suis en vadrouille, dans les musées et monuments. Je prends des milliards de photos et je lis un peu sur ma liseuse. Le blog se repose et j'espère que vous aussi. En attendant, quelques lignes de poésie !

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