La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 24 février 2022

Elle aussi folle que nous, mais elle est plus vivre, et elle, elle l’a fait.

 Claudia Piñeiro, Bétibou, traduit de l’argentin par Romain Magras, parution originale 2011, édité en France par Actes Sud.

 

Au début du livre, une domestique découvre un cadavre dans la maison d’un quartier fermé ultra chic de Buenos Aires. Ensuite nous suivons la résolution de l’affaire par l’intermédiaire de 3 personnages : Nurit Iscar, romancière, que l’on appelle Bétibou car ses boucles noires rappellent Betty Boob, un ancien journaliste des faits divers et un petit jeune journaliste qui prend la relève.


Nurit Iscar, Bétibou, se refuse à croire que le fait que l’on voit Betty Boop partout ne soit rien d’autre que du business. Elle croit toujours à la force que peut insuffler cette icône, même si ce n’est qu’à l’inconscient de ceux qui la choisissent, quatre-vingts ans après.


Image Wikipedia.
Et c’est une lecture très agréable. C’est ce genre de roman policier où la solution de l’énigme est complètement tirée par les cheveux, mais où l’important est de suivre les personnages au long de leur vie et de leur réflexion. En l’occurrence, le récit est particulièrement bien fichu, car il entrecroise presque en temps réel les 3 fils et le lecteur prend un grand plaisir à suivre la progression de l’action.

Je note la description des exigences surréalistes pour entrer dans le quartier protégé (ah le vol d’un demi-fromage et la marque de courtoisie !).

 

Alors, il lui passe une main derrière le dos, la prend par l’épaule et l’approche de lui. Elle préfère pense : « À ces mots, il lui passe la main derrière le dos, il la prend par l’épaule et l’approche de lui. » C’est ainsi qu’elle tournerait les choses si elle les écrivait dans un de ses romans. Car, si elle écrivait « Jaime Brena l’enlace », le personnage enlacé, c’est-à-dire Bétibou, elle-même, frissonnerait encore plus.

 

Une autrice. Quatrième et dernière participation au mois latino-américain d'Ingannmic (je n'ai pas du tout l'impression d'avoir vidé mes étagères !).




 

6 commentaires:

Ingannmic, a dit…

Originale, cette proposition.. heureusement que vous êtes là pour proposer des autrices latinos, je me suis rendu compte a postériori que je n'avais personnellement lu que des auteurs..

nathalie a dit…

Tu sais que je me suis également interrogé à ce sujet. Je ne sais pas ce qu'il en est pour les statistiques globales, mais en ce qui concerne les noms connus, médiatisés, familiers, la littérature latino américaine est clairement virile. Surtout si l'on compare avec la littérature des pays de l'Est de l'Europe (dans quelques jours) où il y a, je crois, 3 prix Nobel féminins ! Je ne sais pas si cette perception reflète la réalité, ou à quel niveau joue.nt le.s biais, mais c'est quand même troublant.

Ingannmic, a dit…

Je me suis fait la même réflexion que toi : la littérature sud-américaine serait-elle plus machiste que d'autres ? Je constate tout de même avec plaisir qu'émergent de nombreuses autrices contemporaines, qui parviennent à se faire une place dans le paysage littéraire. Je veillerai lors de la prochaine édition à ce que mes lectures soient plus paritaires..

Et je vois que tu lis Sonennschein : je l'ai lu également récemment pour le Mois de l'est, et pensais publier mon billet vers le 10 mars. Si tu veux en profiter pour que nous calions une LC... ?

Nathalie a dit…

Je pense plutôt le publier dans la semaine du 15 mars pour ce qui me concerne, car il fait écho à une autre lecture.

Ingannmic, a dit…

Je dois pouvoir inverser 2 billets... je regarde ça et te tiens au courant, cela va dépendre de la manière dont j'avance dans la rédaction, j'ai beaucoup lu mais peu écrit ces derniers temps..

Nathalie a dit…

Ah entre la lecture et les billets, ça occupe !