La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 23 juin 2022

Hay que récupérar el pognón.

 Claire Bretécher, La Vie passionnée de Thérèse d’Avila, 1979.

 

Thérèse d’Avila, à part la sculpture du Bernin, ça vous évoque… ? Peu de choses. En voici le portrait qu’en donne Bretécher, plein d’humour et affectueux.

La sainte, une femme douée d’un robuste bon sens, sillonne les routes de la Castille pour récolter de l’argent et fonder des couvents, discuter avec d’autres saints mystiques, etc. (en toute conformité avec la vérité historique). Il ne s’agit pas d’un récit biographique, mais de plusieurs scènes qui ensemble tracent un portrait.

L’Espagne du XVIe siècle est abordée avec dérision, notamment sur le chapitre de la religion. Il y a la mainmise des hommes sur les structures religieuses et l’espace de liberté laissée aux bonnes sœurs. Il y a aussi tout un tas de blagues sur la langue espagnole. On croise Jean de la Croix et tous ces mystiques stars qui publient leurs livres et dont l’Église ne sait pas bien si elle doit les situer du côté de la folie et du diable ou de la sainteté.


Et puis il y a l’extase et l’épectase. Bretécher traite ces moments d’union mystique en les prenant tout simplement au pied de la lettre. Tous ceux qui environnent Thérèse sont pleins de curiosité et de doute à son égard – n’est-ce pas le démon ? ou pire encore, un orgasme ? – mais elle traite Jésus comme son véritable fiancé (avec chanson d’amour, dispute d’amoureux, réconciliation, promesse et… extase). C’est une façon de réconcilier les divers points de vue sur le sujet, les confiants et les souriants.

Évidemment le dessin est très réussi.

L’album ouvre par ailleurs un point de vue inattendu sur Le Soulier de satin. Bon, je ne sais pas si je le relirai quand même.

Je suis allée faire un tour sur la page Wikipedia de Thérèse. J'y lis notamment ceci : "Précocement instruite des histoires édifiantes de la vie des saints, elle souhaite vivre le martyre en allant avec son frère Rodrigue dans les terres des infidèles en Afrique du Nord musulman. Échouant dans leur projet qui débutait par une fugue, le frère et la soeur décident de se faire ermites." Ok, le début est prometteur pour un bon roman d'aventures !


 

Dans la foulée j’ai relu : Agrippine et les inclus, 1995.

Une série de scènes raconte la vie et le quotidien de cette adolescente, de ses amis et de sa famille. Tout y est.

À la relecture je suis frappée par le langage. Bretécher ne cherche pas à imiter ou reconstituer un hypothétique langage adolescent comme certains le tentent. Elle a créé un truc inédit, décalé, drôle et compréhensible, qui passe avec brio le mur du temps. Personne ne parle comme cela, mais tout le monde reconnaît ce langage. Mention spéciale pour les noms propres : Pilate Girond, Modern Mesclun, Persil Wagonnet.

 









 

 

4 commentaires:

  1. Tu me donnes envie de relire tout ça!!! Ah oui ça passe bien la rampe...

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    1. Allez empruntes-un à la bibliothèque, histoire de sourire un petit moment !

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  2. c'était un grand plaisir de la lire, je repars de chez toi le sourire aux lèvres

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    1. Oui même une ou deux cases, et on est conquis !

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