Gabriel García Márquez, L’Amour au temps du choléra, traduit de l’espagnol par Annie Morvan, parution originale 1985.
Un grand roman d’amour ? Un chef d’œuvre.
C’était inévitable : l’odeur des amandes amères lui rappelait toujours le destin des amours contrariées.
C’est le début.
Au début du livre, le docteur Urbino se tient auprès du cadavre d’un ses amis. Il le pensait sans histoire, il apprend qu’une femme l’a aimé durant des années. Urbino est un médecin âgé et aucun de ses problèmes liés à l’âge (du ventre, de la tête, des os) ne nous est caché. Et voilà qu’à la suite d’une scène grotesque avec un perroquet, voilà que notre grand médecin chute de façon ridicule et meurt. Le soir même des obsèques, Florentino, lui aussi vieil homme, presque invisible, rappelle à sa veuve, Fermina, qu’il l’attend depuis 50 ans. Et commence ensuite un grand retour en arrière, racontant la vie entière de Fermina, d’Urbino et de Florentino, jusqu’à revenir à ce moment où nos deux héros sont devenus vieillards.
Réponds oui, lui dit-elle. Même si tu es morte de peur et même si tu dois t’en repentir plus tard, parce que de toute façon tu te repentirais toute ta vie d’avoir répondu non.
C’est un roman qui se moque des grands romans romantiques. Si Florentino baigne dans les poèmes à rallonge et les feuilletons sentimentaux, et se donne des airs languides, dans des costumes sans âge, c’est un homme qui couche avec toutes les femmes possibles (et qui tombe amoureux de Fermina quand elle a seulement 13 ans #Creepy). L’âge venant, voici le héros romantique bientôt dépourvu de dents et de cheveux. C’est aussi un roman sur le temps qui passe, parce que la mort pourrait bien survenir avant les retrouvailles et parce que finalement il faudra envisager le grand amour avec un être déformé par la décrépitude.
Il la précédait de dix ans sur le chemin brumeux de la vieillesse, avec le désavantage d’être un homme et d’être faible. Ensemble ils avaient dépassé les incompréhensions quotidiennes, les haines instantanées, les mesquineries réciproques et les fabuleux éclairs de gloire de la félicité conjugale.
Tissot, Les Adieux, 1871 Art Gallery Bristol |
Le vent des Caraïbes entra par les fenêtres en même que le tapage des oiseaux, et Fermina Daza sentit dans ses artères le battement désordonné de son libre arbitre.
(mais cette phrase !!!)
Avec tout cela, vous comprenez que l’humour est omniprésent, que ce soit par des réflexions piquantes, par des portraits crus ou par des scènes dignes de la farce. Tout ce mélange forme un ensemble baroque.
On y raconte comment les intrigues de la séduction peuvent être réduites à néant par un pigeon qui s’oublie juste au mauvais moment, au mauvais endroit. Il y a des lettres d’amour écrites sur du papier toilette, les merveilles du télégraphe, un héros qui rêve à des galions engloutis, le doux bonheur d’être veuve, un premier rendez-vous gâché par une colique. Il y a aussi le récit d’une nuit de noces où le jeux époux familiarise peu à peu la fraîche épousée avec son engin – c’est très amusant.
Mais à la fin l’amour suffira à arrêter le fil du temps et de la narration.
Tout autre que Florentino Ariza se fût demandé ce qu’un vieillard boiteux au dos écorché comme celui d’un âne galeux et une femme qui ne désirait d’autre félicité que la mort pouvaient bien attendre de l’avenir. Mais pas lui. Entre les décombres du désastre, il se raccrocha à une petite lueur d’espoir car il lui semblait que le malheur transfigurait Fermina Daza, que la rage la rendait plus belle et que sa rancœur contre le monde lui avait restitué le caractère sauvage qu’elle avait à vingt ans.
García Márquez sur le blog :
Serez-vous étonnés d’apprendre que j’ai très envie de relire Cent ans de solitude ?
* Grâce à Odile, je possède "la" recette des aubergines d'amour. Si, si.
Quatrième participation au mois latino-américain d’Ingannmic.
Il me semble avoir lu un roman de cet auteur, il y a très longtemps. Bon, on attend l'année prochaine...
RépondreSupprimerCelui-ci te plairait certainement ! Et il est plus facile à lire que 100 ans de solitude, c'est une grande fresque un peu baroque.
Supprimerun de ces livres que l'on n'oublie pas une fois lu, je ne l'ai jamais relu mais je l'ai encore en tête
RépondreSupprimerUne amie m'a dit pareil. Un roman marquant !
SupprimerLu il y a trop longtemps, il faudrait que je le relise
RépondreSupprimerAllez on se plonge dans le roman !
SupprimerHaaan, je voulais le lire, et j'ai oublié. J'avais adoré "Cent ans de solitude" dans lequel j'avais pourtant plongé un peu dubitative. Et j'avais bien aimé "Chronique d'une mort annoncée". Je vais voir de ce pas si j'ai cet "Amour au temps du choléra" ou si je dois l'emprunter.
RépondreSupprimerJe veux relire Cent ans... que j'avais beaucoup aimé mais dont je ne me souviens pas.
SupprimerAh oui ! quel bon souvenir de lecture ! Très ancien quand même...
RépondreSupprimerAlors que moi j'étais totalement passé à côté jusque-là.
SupprimerMince, moi j'en ai tout oublié, même si je sais que j'avais aimé (bon, en même temps, je crois que je n'étais même pas majeure quand je l'ai lu, ça excuse un peu, non?...). Du coup j'ai bien envie de le relire (mais je viens de vérifier, je ne l'ai pas à la maison, seulement Cent ans..et Chronique d'une mort annoncée, dont je me souviens en revanche très nettement, peut-être grâce au film...). Et je goûterais bien ces aubergines, moi...
RépondreSupprimerIl faut attendre un peu pour les aubergines, là on est encore dans les carottes et les potimarrons. Mais naturellement tu es invitée à déguster.
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