Lou Andreas-Salomé, La Maison, écrit en 1904, publication originale en 1921, traduit de l’allemand par Nicole Casanova.
(Oui, c’est LA Lou Andreas-Salomé de Rilke, Nietzsche et Freud ! J’étais un peu curieuse de la lire.)
Dans une maison située en montagne, près d’un village, vit une famille. Le père médecin, la mère Anneliese, le fils Balduin de santé physique et psychique fragile et la fille Gitta (et bientôt le gendre Markus). Et puis une amie conférencière et quelques autres figures. Une famille heureuse, mais où les tensions sont néanmoins réelles.
Oui, des créatures hybrides, c’est cela que nous sommes, qui enfantent sans savoir quoi, élèvent sans savoir qui, sont responsables sans savoir comment, et ne peuvent renoncer ni à leur pouvoir ni à leur peur.
Je commence par le point faible : l’écriture qui, à mon sens, manque de concret, ce qui fait que les personnages semblent peu incarnés. J’ai eu du mal à vraiment m’intéresser à eux.
Laglenne, Fleurs, 1923 Roubaix Piscine
J’ai apprécié l’ambition du roman, qui est de représenter des individus avec leurs complexités et leurs tiraillements et surtout les relations entre eux, toujours mêlées et imparfaites. Le père se voit en maître de la famille, à l’ancienne, mais son caractère est tempéré, et même guidé, par l’amour qu’il éprouve pour sa femme. Markus et lui ne conçoivent qu’une seule place pour une femme, celle de l’épouse et de la mère (on est en 1900 hein), mais comprennent cependant que des choses leur échappent, une intériorité, un désir de fuite, une envie de solitude. Ils sont décontenancés, retombent sur leurs pieds, mais en étant un peu renouvelés. Anneliese est une sorte d’incarnation de l’épouse comblée. Elle conçoit son rôle comme accompagnatrice et soutien, mais a conscience de contribuer à l’épanouissement – et disons-le à la bonification – de l’époux. C’est l’amour qui fait que deux êtres restent deux et deviennent un, en franchissant ensemble les obstacles de la vie. Il y a le fils, instable, qui ne répond pas aux ambitions paternelles, mais qui trouve sa voie, et la fille, peut-être trop jeune ou écervelée, ou seulement effrayée de ce qu’elle ressent, pas très adaptée aux exigences sociales.
Il y a là beaucoup de finesse psychologique, malgré une écriture clairement faiblarde.
C’est un roman apaisé, parce que tout ce monde est aisé et à l’abri des vicissitudes du monde, où les évolutions psychologiques et familiales constituent le sujet de la narration. On se dit qu’Andreas-Salomé donne ici une vision idéalisée de la vie de famille, où les inquiétudes n’empêchent pas le bonheur.
Mention spéciale à la chienne Salomon.
Anneliese pensait en silence : c’est pour cela que Gitta a dûr le choisir, parce qu’elle veut se promener là-haut dans tout le firmament, sans être dérangée. N’aurait-elle pas dû avoir un compagnon qui l’en empêchât ? Mais si c’était cela son destin, alors il était bon que Markus allât auprès d’elle, avec sa façon d’aimer qui ne cédait pas, qui ne restait pas en bas quand elle errait en haut, qui ne la laissait pas tomber seule dans le vide.
J'en ai profité pour réécouter ce documentaire sur Andreas-Salomé.
Une autrice.
Mouais.
RépondreSupprimerTu as profité de ta balade à Lille pour faire un saut à la Piscine, au fait?
Ne rigole pas, mais avant même de voir ton commentaire, je savais qu'il commencerait par "mouais"...😀
SupprimerEt la réponse est oui. RDV samedi.
J'ai aussi Arfff quand j'ai franchement senti le truc pour moi.
SupprimerPlus sérieusement, ce musée doit être extraordinaire (rien que le décor)
quel bon souvenir de lecture
RépondreSupprimerAh mais tu connais ! Décidément.
SupprimerLou Andréas - Salomé m'intrigue, il faudra que je me décide!
RépondreSupprimerCommence par écouter le documentaire !
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