Sándor Márai, Les Braises, parution originale 1942, traduit du hongrois par Marcelle et Georges Régnier.
(mais pour moi, il pourrait s’appeler Les Cendres)
Au début du livre, un vieux général dans son grand château reçoit une lettre qui l’avertit de la visite de Conrad, un homme qu’il n’a pas vu depuis 41 ans et une certaine soirée de 1899 (au lecteur d’effectuer le calcul…). Quand Conrad arrive, la conversation commence, à partir de leur enfance et jeunesse sous l’empire austro-hongrois. Il est question de fidélité, de trahison et de vengeance.
Remis de sa première surprise, il ressentait une grande fatigue. On se prépare parfois, la vie durant, à quelque chose. On commence par être blessé et on veut se venger. Puis, on attend. Le général attendait depuis fort longtemps et ne savait même plus à quel moment l’offense et le désir de vengeance s’étaient transformés en attente.
Disons-le, le cœur du secret est tout ce qu’il y a de plus banal. L’originalité de ce petit roman provient donc de la façon dont le récit est mené. Car plus qu’une conversation, devant amener au dévoilement progressif de la vérité, c’est un quasi-monologue, le général faisant les questions et les réponses, ayant tout juste besoin d’un vis-à-vis pour confirmer son raisonnement. Le fil n’est pas linéaire, sa réflexion fait des sauts dans le temps et le lecteur ne peut s’empêcher de se demander : « Mais à quoi bon toutes ces paroles ? Pourquoi attendre 41 ans pour les prononcer ? Il aurait pu dire la même chose à son miroir. » Cette façon de procéder, que l’on pourrait qualifier de déceptive, constitue en réalité tout l’intérêt du livre.
Un général que l’on pourrait qualifier d’ailleurs de plusieurs adjectifs, mais « insupportable » me semble en dire assez.
Il renfermait aussi le silence qui, tel un fidèle emprisonné à cause de sa profession de foi, dépérit sur de la paille pourrie au fond d’une cave.
Il est beaucoup question de musique et du pouvoir de celle-ci, sans que l’auteur n’en fasse grand-chose.
Le palais est romain, mais ne chipotez pas. |
Je me demande si ce prénom de Conrad, pour un homme originaire de Galicie, ayant vécu sous les Tropiques et s’étant installé à Londres est vraiment un hasard (en littérature, le hasard n'existe pas).
C’est avec ce titre que je découvre Márai. J’ai lu le roman avec intérêt, sans être totalement conquise, mais je compte bien continuer à lire l’auteur.
Une lecture commune est programmée prochainement autour de Márai, mais comme je serai en vacances, j’ai décrété que la semaine serait hongroise. Le billet de Passage à l’Est.
Livre magnifique que j'ai découvert au théâtre. Depuis j'ai lu huit autres livres de Sandor Marai, un écrivain vraiment immense.
RépondreSupprimerJe suis curieuse de lire d'autres choses de lui, car je ne suis pas totalement convaincue par celui-ci.
SupprimerC'est mon roman préféré de l'auteur , je l'ai lu il y a très longtemps mais j'ai gardé en tête le plaisir de lecture
RépondreSupprimerC'est vrai ? J'en suis un peu éloignée apparemment.
SupprimerIl me tente énormément, j'ai lu beaucoup d'avis très enthousiastes dessus.
RépondreSupprimerJe suis un peu plus sceptique manifestement mais je compte continuer à lire l’auteur.
SupprimerJe relis également Sandor Marai, j'aime sa prose ( mais je me demande si ce rendez-vous aura lieu ).
RépondreSupprimerPas sûr en effet, j’avoue que j’ai un peu pris les devant.
SupprimerJ'ai eu ma semaine hongroise quand je suis allée visiter Budapest ( 2 fois ): un livre que j'aime beaucoup : le roman de Gyula Krudy intitulé Sept Hiboux et aussi Chronique transylvaine de Miklós Bánffy.
RépondreSupprimerDe Sandor Maraï, mon roman préféré est La nuit du bûcher.
Signature du commentaire précédent ! encore oublié !
RépondreSupprimerJe ne connais pas les titres que tu cites, je les note.
Supprimer