Brigitte Benkemoun, Je suis le carnet de Dora Maar, 2019.
L’auteure trouve par hasard un petit répertoire téléphonique de 1951. Il contient plein de noms connus, d’Aragon à Picasso. Quelques semaines de supputations et de vérifications plus tard, la voici convaincue d’avoir affaire au carnet de Dora Maar.
Ce petit livre n’est pas une biographie, ni un récit chronologique, de Maar, mais prend le prétexte du répertoire pour s’arrêter sur telle période, tel aspect, de la vie de l’artiste. Ce sont des chapitres courts, comme une promenade dans une vie bien accidentée, traversée par des drames. Le procédé peut paraître répétitif ou insatisfaisant, mais finalement l’ensemble, sans prétention, se lit très bien. Et Benkemoun raconte bien ses hypothèses, ses erreurs, ses intuitons… elle fouine, bottin et annuaire en main, Google sous les yeux.
Je me laisse embarquer avant même de savoir qui se cache derrière cette écriture. Fascinée par ses amis avant de l’être par sa vie, je cours après un fantôme. J’ignore encore son nom, mais ces pages sont comme une petite serrure par laquelle j’observe un monde englouti, dont il n’existe pas d’équivalent.
Le livre, dépourvu d’illustration, ne nous permettra pas vraiment de mieux connaitre le travail de peintre et de photographe de Maar – et comme aucune de ses œuvres n’a d’illustration sous licence libre, il n’y a rien sur Wikipedia, donc le problème perdurera un petit moment – malgré les efforts de Benkemoun pour décrire les photographies.
Alors ce que je retiens, ce sont surtout les années surréalistes, celles d’avant-guerre et celles de la guerre, les rencontres dans les cafés, les soirées entre tous ces gens brillants (et qui le savent), ces conversations internationales, et puis cette terreur sous l’Occupation, qui force à se faire discret ou qui empêche de lever le petit doigt pour soutenir un ami.
Je suis allée fouiner sur le site de la RMN. Et donc : Maar, Autoportrait, fin des années 30, conservé au musée Picasso de Paris. |
Influencée par Bataille et les surréalistes, elle se lance dans des collages qui naviguent entre l’angoisse, l’absurde et l’onirique. Elle tord le réel au point de le rendre fou. Elle joue avec les ombres. Elle boursoufle des bouches qui deviennent grotesques, inverse le sens des choses, ou transforme un fœtus de tatou en monstre indéfinissable.
Une auteure.
Je ne l’aurais pas lu si on ne me l’avait pas prêté ; je suis plutôt contente.
L'expo au musée de Montmartre était titrée 'surréalisme au féminin', j'ai bien cherché, pas vu de tableau de Dora Maar. Dommage
RépondreSupprimerMême pas de photos ? Comme c’est dommage.
SupprimerCelui-ci m'intéresse! Dora Maar a été éclipsée par Picasso, j'aimerais mieux la connaître.
RépondreSupprimerElle a été mangée par Picasso, oui, carrément.
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