La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 2 novembre 2023

Où sommes-nous dans ce pays si lointain qu’il nous fait vivre les saisons à en crever ?

 


Stéphanie Boulay, À l’abri des hommes et des choses, 2016, aux éditions Québec Amérique.

 

Une voix qui raconte sa vie en un court roman. Le lecteur comprend progressivement que la narratrice, entre l’enfant et l’adolescence, est peut-être un peu simple ou décalée du monde, qu’elle vit avec Titi près d’une rivière (au Québec). Elle raconte sa vie à l’école, les vacances quand elle peut nager, les relations avec Titi dont elle ignore si elle est ou non sa mère, Titi qui aimerait bien être amoureuse et qui déprime, la maison pas très bien tenue, les crises d’angoisse quand on change ses habitudes. C’est quelques mois d’une vie où il n’y a pas grand-chose, un garçon qui passe en été, un changement de classe, l’adolescence, des questions qui se posent.


Titi et moi, on regarde pousser la Lune et on imagine qu’on la croque quand elle est grosse et juteuse, pour la faire maigrir, et ça marche toujours.


C’est un texte sensible. La langue de la narratrice est différente et c’est pourtant la nôtre, plus imagée, ou plus concrète, plus au pied de la lettre, sans les fioritures.

La vie peut être dure pour elle, mais elle n’est pas bête et elle sait s’adapter aux humeurs et aux attentes des autres. Elle saura trouver comment se mettre à l’abri.

 

Ashevak, Personnage, 1974 os de baleine BA Ottawa


Je crois que Mané est un petit peu comme moi, dans le sens qu’il est pas pareil, et moi je ne suis pas pareille. Pas de la même façon, mais d’une façon qu’on peut rire ensemble. Et quand on se voit, on ne voit pas les autres qui sont comme les autres, et ça nous fait du bien. Mais si les autres s’en mêlaient, je ne serais plus spéciale, je serais juste moins quelque chose ou moins quelque chose d’autre.

 

Parfois, je crois qu’il faut savoir endormir ses soucis comme des bébés qui pleurent pour les remettre à plus tard, parce que d’autres choses pressent encore plus et que, de toute façon, la nuit porte conseil et efface souvent des tristesses qu’on pensait qu’elles ne s’en iraient jamais. Et je le sais puisque je l’ai déjà expérimenté, moi qui ne suis pas plus folle qu’une autre et pas plus folle qu’on pense.

 

Merci Sylvie pour la lecture ! Tu as bien fait d’insister.

 

Lire au Québec. Une autrice.



 

8 commentaires:

Dominique a dit…

c'est sympa de lire avec nos cousins du Québec

keisha a dit…

Te voilà partie au Québec, en lectures!

nathalie a dit…

Je perpétue le souvenir du mois québécois d'autant que j'ai un bon petit stock à écluser !

nathalie a dit…

On connaît de plus en plus d'écrivains québécois heureusement, mais il y a toujours des titres qui ne traversent pas.

Anonyme a dit…

Quelle belle sculpture!

nathalie a dit…

Une utilisation expressive d'un os et de sa forme particulière ! C'est virtuose.

Sylvie a dit…

Suis contente que cette lecture t'ait plu :-)

Nathalie a dit…

Grand merci ! Il me reste à lire les autres.