Tove Jansson, La Fille du sculpteur, parution originale 1968, traduit du suédois par Catherine Renaud, édité en français par La Peuplade.
Une suite de courts textes raconte l’enfance d’une petite fille en Finlande dans les années 1920-1930. Un appartement en ville, mais surtout une maison dans une île. La mère est illustratrice. Elle peint à l’encre et envoie ses productions à des éditeurs. Le père, très présent, est sculpteur et il y a un grand atelier avec des plâtres. Il y a d’autres gens aussi, des amis, des voisins, une bonne. Il y a surtout l’imaginaire de la petite fille, ces grandes créatures noires qui glissent sur les tapis, la fantaisie des histoires, les animaux… tout un monde.
Un dimanche, je lui ai appris comment échapper aux serpents qui se trouvaient à l’intérieur du grand tapis de son appartement. Il suffisait de marcher sur les bords pâles et sur toutes les couleurs claires. Si on marche à côté, sur le marron, on est perdu. Ça grouille de tant de serpents que c’en est indescriptible, et il faut les imaginer. Chacun doit imaginer son propre serpent, car ceux des autres ne sont jamais aussi horribles.
On joue à se faire peur et à se rassurer, on se crée des cabanes sous la table. On entend les adultes faire la fête. L’atmosphère est familiale dans cette famille un peu bohème. Il y a aussi des tempêtes et des contrebandiers d’alcool. On prétend être la reine d’un royaume de mousse et de cailloux. Il y a une maison engloutie dans la neige. Il y a un récit de Noël assez drôle avec un grand sapin et un singe qui gobe le santon du petit Jésus.
Il y a la forêt et un iceberg sur la mer.
Un livre charmant que j’avoue avoir lu assez rapidement, alors qu’il aurait mérité plus d’attention de ma part.
Charpentier, Buste de Linette Aman-Jean, 1908, terre cuite, Orsay, en dépôt à Roubaix Piscine |
Après la musique viennent les souvenirs de guerre. J’attends un peu sous la couverture, mais je me relève toujours quand ils attaquent le fauteuil d’osier. Alors, papa va chercher sa baïonnette accrochée au-dessus des sacs de plâtre dans l’atelier, et tout le monde se lève et crie pendant que papa attaque le fauteuil d’osier. Dans la journée, il est recouvert d’une couverture pour qu’on ne voie pas à quoi il ressemble. Après le fauteuil d’osier, pape ne veut plus jouer de la balalaïka.
La deuxième baie est pleine de roseaux, et quand le vent souffle, cela cliquette, siffle, bruit, chuchote et gémit lentement, doucement, doucement, on marche droit dans les roseaux et on est caressé de tous les côtés et on marche et on marche et on ne pense à rien. Les roseaux sont une jungle qui va jusqu’au bout du monde. Toute la terre n’est couverte que de roseaux chuchotants et tous les gens sont morts et je suis la seule qui reste et qui ne fais que marcher et marcher dans les roseaux.
Une écrivaine. La Finlande sur le blog. De Jansson j'ai aussi lu Moomin et la grande inondation.
Je compte bien lire ses autres titres.
Ah tiens, j'ai vu que cela se passe du côté de Porvoo ! J'y suis passée un été ! Merci pour cette découverte. Il y a des choses intéressantes aux éditions de La Peuplade.
RépondreSupprimer@JeLis : Les belles îles de Finlande !
RépondreSupprimerje ne connais pas la Finlande mais tout ce que j'ai lu qui s'y passe est bien dépaysant
RépondreSupprimerJ'ai démarré un livre d'elle, et abandonné : cela s'annonce mal!
RépondreSupprimer@miriam : Il y a toute une page dédiée sur le blog.
RépondreSupprimer@Keisha : tu seras punie.
je ne connais qu'un livre de l'auteur sur son enfance
RépondreSupprimer@Dominique : oui elle en a écrit un autre, qui vient d'être réédité je crois.
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