La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 21 septembre 2024

Castle Howard

 



Le blog est à York et aujourd’hui visite de Castle Howard.

Après deux châteaux décevants (c'est fini, les châteaux anglais de la seconde moitié du XVIIIe siècle, c'est fini, ils sont trop moches) (c'est ceux du début du siècle qui sont bien !), j’ai été enchantée de le découvrir.

D'ailleurs, il faisait très beau et j’ai pris du thé et des scones dans la cour au soleil (c’est un bon début).


En 1699, Charles Howard, comte de Carlisle, confie la construction d’un nouveau château à John Vanbrugh, alors ancien soldat et dramaturge, assisté pour cette première réalisation en architecture par Nicholas Hawksmoor. On est sous le signe du baroque et c’est bien.


Façade côté cour d'honneur. De grands pilastres soutiennent un entablement dorique, surmonté d'une balustrade et de grandes statues qui ponctuent la longueur. Les fenêtres s'ouvrent par des baies semi-circulaires, avec une alternance de fenêtres et de niches abritant des statues. Le mur s'orne d'un beau bossage. Et au-dessus le dôme avec son clocheton et un tambour plutôt élancé avec de grandes fenêtres.

L'ensemble joue sur les alternances, les lignes en ressaut, les avancées et les retraits, les arrondis et les lignes droites, les motifs gratuits, pour que la lumière (toujours changeante) souligne tantôt un point, tantôt un autre.

(voilà, c'est ça qu'on veut)


 


Façade principale, côté parc, c'est grandiose, mais les différents volumes s'articulent bien entre eux. Rien d'écrasant.

(et puis c'est bien vert)

 

On peut visiter et photographier l’intérieur.


De nombreuses sculptures et tables de marbre ont été rapportées d’Italie au XVIIIe siècle suite à des voyages.

J'ai déjà abondamment parlé des copies d'oeuvres antiques en plâtre, mais il faut toujours garder à l'esprit que les grandes copies en pierre ou en métal des chefs d'oeuvre de l'antiquité qui ornent les châteaux et parcs anglais, ainsi que ces foules de bustes en marbre d'empereurs inconnus qui ont été ramenés à grand frais, sont le témoignage du goût d'une époque. Leur présence, incessamment répétée, sous forme d'originaux, de copies, d'imitations et d'hommages, participe à la formation d'un regard et d'une esthétique.



Le grand dôme, qui donne son identité au château, a été entièrement détruit par un incendie en 1940, mais a été reconstruit en 1960-62. La fresque originale d’Antonio Pellegrini a été remplacée par une peinture de Scott Medd, un peintre canadien qui s’est efforcé de la recréer à l’identique.

L’impression est très théâtrale.



Plusieurs autres pièces ont également été reconstruites suite à cet incendie.

Le château abrite une abondante collection de peintures (Holbein, Rubens, évidemment les portraitistes anglais). L’artiste vénitien Marco Ricci a travaillé au château vers 1710, ce qui explique la présence de plusieurs de ses peintures. Notre famille a également rapporté plusieurs vues de Venise par Bellotto.

La galerie expose six paysages (vues imaginaires de Rome) de Pannini, cf. cette esthétique mentionnée plus haut. Goût pour l'antiquité, connaissance savante des antiques, poésie des ruines, soutien de peinture contemporaine...




La chapelle privée anglicane a été décorée dans les années 1870-1875 par la firme Morris & Co. Les fresques ont été conçues par Charles Kempe et les vitraux par Edward Burne-Jones.




 

Et maintenant... l'extérieur ! Aventurons-nous dans cette herbe et épaisse et moelleuse. Mes pas me conduisent tout naturellement vers le jardin clos.



J'avoue être tombée en arrêt sur ce massif de gueules-de-loup et m'être écriée (intérieurement) : mais c'est incroyable toutes ces couleurs ! Ce rose pâle, jaune pâle, ce saumon, comme c'est doux et joli ! Les miennes n'ont pas du tout ces couleurs.

 


À l'abri des murs des plantes un peu plus fragiles peuvent pousser librement en étant abritée. De grosses haies délimitent des carrés, chacun avec une atmosphère différente. Les portes et passages entre ces espaces créent des jeux de perspective et de regard.



Vous sortez de la haie et vous tombez sur cet espace où une infinité de lys roses et de saules pleureurs encadrent des bancs.



Un bassin et ses poissons, bien sûr.



Je note les idées pour mon propre jardin, on ne sait jamais. Vous pouvez constater comme c'est bien structuré et comment le regard est conduit au bout de l'allée et puis revient et s'attarde le long des massifs.  Les fleurs s'égaient, mais respectent le dessin des parterres. Notez que le site intègre une jardinerie où l'on peut acheter des plantes ou des sachets de graines si la place dans la valise est limitée (oui, évidemment, j'ai craqué, je ne suis pas du genre à vous décevoir sur ce point).



Sortons du jardin et parcourons le parc.

La fontaine d’Atlas montre le géant soutenant le monde, pendant que des tritons soufflent dans des conques. Une fontaine d'inspiration très romaine.



À partir de là de grandes perspectives conduisent tout naturellement dans le parc, où les folies offrent un abri contre la pluie et un but de promenade. Des copies de statues antiques vous servent de guide.



Au bout de l'allée, le Temple des Quatre Vents.

Un plan carré et un ordre ionique, avec des grandes statues drapées.




Que regardent-elles à l'horizon ? La belle campagne anglais qui prolonge naturellement le parc jusqu'à l'horizon, mais également le mausolée à colonnes (construit par  Hawksmoor) qui ne se visite pas, mais qui se voit de loin et donne une atmosphère très romantique à cette zone du parc (où il y a également de nombreuses mûres à cueillir).



 

Le parc comprend également un grand étang où règnent les oiseaux, un obélisque et une pyramide et une fausse enceinte médiévale percée d'étroites portes.


Le château sert de décor au film Retour à Brideshead, adapté du roman d’Evelyn Waugh (pas lu hélas), mais il a également joué dans Barry Lindon et dans diverses séries télévisées.


 

Comment on y va ? En prenant le bus 81 à York et en surveillant les horaires parce qu’il n’y en a pas beaucoup. Avec le parc, le jardin et le scone, vous pouvez compter trois-quatre heures de visite au minimum.


Esthétique néo-médiévale assez pittoresque avec ces petits créneaux et ces tourelles.

Précédents billets : une balade à York ; parcours historique
La semaine prochaine, début d'une trilogie autour des abbayes en ruines.

11 commentaires:

  1. On a beau dire, questions jardins, les anglais sont fors (aidés par le climat me susurre t on à l'oreille) Question chant choral aussi, mais là c'est un autre sujet. ^_^
    (comment ça, pas lu Retour à Brideshead?)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Eh non, faut-il que je lise le livre puis que je retourne visiter le jardin ?

      Supprimer
  2. entre les jardins et l'intérieur, il vaut vraiment le coup !

    RépondreSupprimer
  3. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer
  4. que le château est grandiose! Mais c'est surtout le jardin qui me tente

    RépondreSupprimer
  5. How very lovely! En hongrois, la gueule-de-loup s'appelle gueule de lion et en anglais, comme tu le sais peut-être déjà, snapdragon. Mais je ne sais pas ce qu'il faut en conclure sauf peut-être que le hongrois et surtout l'anglais ont plus d'imagination.
    Je suis presque sûre que tu as dû visiter Beningbrough Hall, mais dans quelle catégorie de château l'as-tu donc rangé? Souvenir en tout cas d'une sympathique balade à vélo pour ma part. Tu nous emmènes ensuite à Fountains Abbey?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai pas visité Beningbrough Hall mais ce château me poursuit car il y a en ce moment une expo sur une peintre botaniste du 18e siècle, Mary Delany, qui a l'air très intéressante.
      En revanche je n'ai pas résisté à Fountains Abbey comme tu le verras bientôt.

      Supprimer
  6. Waouh ! Que c'est beau ! Je craque pour le jardin et ces gueules de loups, et tout et tout ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mes geules de loup sont en train de s'étaler sans faire de fleurs, les feignasses....

      Supprimer

N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).