La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 17 décembre 2024

La première neige mouille, délicate, le bout de mon nez rougi par le froid.

 


Gabrielle Filteau-Chiba, Sauvagines, 2019.

 

La narratrice, Raphaëlle, est une jeune femme, garde- forestière en forêt du Kamouraska. Au début du livre, elle accueille une petite chienne qu’elle nomme Coyote. Au milieu d’un quotidien désenchanté, puisque son métier ne consiste pas réellement à limiter la chasse et les destructions, la voici sur la piste d’un braconnier particulier, soupçonné de carnage à outrance, mais également de violences sur les femmes, voire d’autres crimes encore. Raphaëlle se trouve bientôt elle-même traquée, mais elle trouve la protection de Lionel et surtout d’Anouk.

Ce roman et les autres de l’autrice ont eu beaucoup de succès et j’avoue que j’étais un peu méfiante en commençant. En réalité je l’ai lu avec plaisir et entrain. Je trouve que le roman retranscrit bien l’hypocrisie de ces administrations « qui gèrent la ressource » mais sans faire grand-chose, ainsi que le mode de vie dans ces régions de forêt. Si le personnage du braconnier m’a paru forcé dans son outrance (je ne ne dis pas que c’est invraisemblable mais l’accumulation est quand même lourde), j’apprécie l’habileté de ne pas nous le montrer en face. Le roman prend ainsi vaguement l’allure d’un thriller.

Il y a aussi la belle histoire entre Raphaëlle et Anouk.

J’aurais apprécié qu’il y ait davantage de nature.

Homer, Chasse au renard, 1893 PAFA
 


En effet, des traces fraîches d’ours adulte longent mon bac à compost. D’autres nouvelles pistes dans la boue traversent l’érablière. L’animal est même allé fouiner près de la tinque d’eau de pluie surélevée qui me sert de douche froide. Peut-être attiré par l’odeur de mon savon à la citronnelle. Derrière mon épaule, j’entends des branches qui craquent, bruit qui s’éloigne sur ma gauche.

 

Des fois, je me sens comme un parcomètre qui veille à ce que l’industrie de la chasse continue de faire vivre les dépanneurs des villages. En plus, il faut que je sourie poliment à ces gens qui se pavanent saouls en quatre-roues ensanglantés de panaches, une once d’orgueil de vainqueur sorti vivant du bois dans le regard.

 

Je conseille la lecture de Lise Tremblay qui, sur des thématiques proches, est bien plus subtile et littéraire.


Prochain billet littéraire en janvier. D'ici là, le traditionnel bilan de l'année.




 


8 commentaires:

  1. J'ai apprécié Bivouac (le 3ème de la série) malgré quelques mini bémols.

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    1. Je crois que je vais m'en tenir là pour ma part.

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  2. D'elle j'ai lu Encabanée, fort succès sur les blogs, oui, la nature et la vie dedans ça m'a plu. Mais l'histoire sentimentale, pfff. Bon, je peux lire, mais faudra trier les pages, quoi (je sais très bien faire ça)

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    1. Pour celui-ci, l'histoire sentimentale est pas mal, mais il y a pas vraiment de nature. Oui, gros succès, on est en mal de paysages enneigés et de forêts et tout est accueillir en grande pompe, mais franchement c'est décevant.

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  3. J'ai la trilogie à la maison, elle a été offerte à mon conjoint qui a lu les deux premiers, et les a plutôt appréciés, de mémoire... Je tenterai Encabanée, pour voir (et je crois qu'il est court).

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    1. Il y en a peut-être un qui est meilleur que les autres, à voir !

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  4. j'ai aimé le contexte, mais l'ai assez vite oublié finalement

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