Gunnar Gunnarsson, Le Berger de l’Avent, écrit en 1936, parution originale en danois en 1937, traduit en islandais par l’auteur en 1939, traduit de l’islandais par Gérard Lemarquis et María Gunnarsdóttir, édité en France par Zulma.
Début décembre, en Islande, Benedikt se met en route avec son chien Leó et son bélier Roc pour aller chercher les brebis égarées et les ramener dans les fermes. Il n’est pas très riche et il travaille pour les autres, mais il est surtout guidé par son sens de la responsabilité vis-à-vis des animaux qu’on ne laisse pas périr dans la neige et les rochers. Mais cette année-là, le blizzard se lève et complique bien les choses, d’autant que la nourriture est comptée.
À présent, il marchait dans la neige. Autour de lui, et aussi loin que portait son regard, tout était blanc. Au-dessus aussi, le ciel était d’un blanc grisâtre. Et même la glace, sur le lac, était recouverte d’une mince couche poudreuse. Blancheur trouée seulement des cratères peu élevés qui se détachaient, ici et là, dessinant quelques rares cercles noirs, semblables à des symboles dans l’infini désert de la neige.
Voilà, c’est le récit, c’est tout simple et c’est beau. C’est une marche dans la nuit, la neige, le froid, la glace, le vent, avec l’appui solide d’un bélier et la joie énergique d’un chien. Des gestes éprouvés qui permettent de faire face aux éléments. La connaissance fine d’un territoire qui permet de trouver la cache sous le rocher où l’on pourra se mettre à l’abri. La solitude et la solidarité.
Et il partait vers les montagnes, dans une région où l’on ne trouvait plus, à cette époque de l’année, que les oiseaux de proie les plus résistants, des renards et quelques moutons égarés. C’étaient ceux-là qu’il allait chercher ; ceux qui s’étaient séparés du troupeau échappant ainsi aux grands rassemblements d’automne. Pouvait-on les laisser crever de froid et de faim sur les sommets, sous prétexte que personne n’avait le courage de partir à leur recherche ?
C’est presque le début.
Les gens qui marchent dans la nuit sont étrangement perdus l’un pour l’autre. Mais dans la montagne, le sentiment d’isolement prend un tour différent. Tant qu’on entend d’autres voix que la sienne, tant qu’on sent, près de soi, une respiration, le vide profond de l’univers, au ciel et sur la terre, ne vous étreint pas tout à fait de ce froid glacial, à la racine des cheveux.
Le billet de Dominique.
Un petit livre qui aurait pu être « une bonne nouvelle ».
Une idée à retenir pour janvier, donc...
RépondreSupprimerEn revanche, je guette les romans où ça travaille et pour le moment... tu as bien fait d'arrêter le thème, chez moi ça ne bosse pas beaucoup.
SupprimerQuel beau livre! lu de retour d'Islande
RépondreSupprimerJ’ai noté d’autres titres de l’auteur, du coup.
SupprimerUne lecture qui semble apaisante.
RépondreSupprimerTotalement.
Supprimerce livre m'a énormément plu, une vraie réussite sur un texte court et dense et plein de neige et de glace merci à toi pour le clin d'oeil
RépondreSupprimerC'est tout petit, tout simple, et hop, on est plongé dans une atmosphère et dans la neige.
SupprimerUn court et très beau roman que j'avais lu en décembre, c'était parfait pour la saison. Il contient plein de belles choses, c'est rude et délicat à la fois.
RépondreSupprimerEt tu en parles très bien.
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