La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 22 juillet 2025

Qui a vu le mont Kailas du haut de la cime inviolée de la Montagne de Cristal ?

 

Paolo Cognetti, Sans jamais atteindre le sommet. Voyage dans l’Himalaya, parution originale 2018, traduit de l’italien par Anita Rochedy.

Cognetti est un marcheur, mais pas un alpiniste. Il est costaud, mais résiste mal à l’altitude. En quête de paysage et d’apaisement, il part dans un coin reculé du Népal, le Dolpo, à l’écart de Katmandou, des foules de l’Everest et du Tibet chinois. Il est avec des amis. Ils marchent, ils passent des cols, ils tournent autour des montagnes. Et c’est extrêmement bien.

Je savais qu’en montagne on marche seul même quand on marche avec quelqu’un, mais j’étais heureux de partager ma solitude avec ces compagnons de route.

Un récit de voyage comme on les aime, tout simple. Cognetti s’interroge : à quoi bon partir si loin pour arpenter les chemins ? Mais c’est de la montagne, et tout lui rappelle l’endroit où il vit, même si tout s’en distingue aussi. Il griffonne des petits dessins pour rendre compte du paysage. Il lit et relit Le Léopard des neiges de Petter Matthiessen. Il a 40 ans, il s’interroge et se dit qu’il ne devrait pas tant se questionner. Difficile de ne pas partager l’esprit de cette marche. Déjà dans Le Garçon sauvage, j’avais apprécié cette errance entre la nature, les animaux, les humains, les mots des autres et les inquiétudes intimes. Ces allers-retours me parlent profondément.


Il avait raison de vieux hippie, moi non plus je n’avais jamais rien vu de comparable à la vallée de la Suli. Je marchais seul, croisais de temps à autre un compagnon, m’oubliais dans la contemplation de l’eau. Le long de la rivière, les formes me fascinaient tellement qu’il m’arrivait souvent de m’asseoir pour les dessiner : des cèdres de l’Himalaya, des pins qui ressemblaient à une variété de cembro, des bouleaux aux feuilles jaunies. Un petit pont fait de troncs enfoncés dans les berges et suspendus dans le vide, les piquets de la balustrade travaillés par un menuisier habile.

Il n’empêche, comme c’était beau, comme cela nous était devenu naturel et nécessaire de nous remettre en chemin. Tourner le dos au monde connu et découvrir à chaque pas un pan de monde nouveau. Marcher était notre mission quotidienne, notre mesure du temps et de l’espace. C’était notre façon de penser, d’être ensemble, de traverser le jour, c’était le travail que nos corps faisaient maintenant sans nous.

Cognetti sur le blog :

Le Garçon sauvage. Carnet de montagne (qui est donc extrêmement bien)
Les huit montagnes



4 commentaires:

  1. Les huit montagnes ne m'avait pas enthousiasmée, mais s'il s'agit de récit de voyage ça me va mieux?

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    1. Ce n'est pas un très bon romancier, mais ses récits de marche sont très bien.

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  2. Je serai assez d'accord avec lui ... A quoi bon aller si loin pour marcher ? ^-^Je ne suis pas assez contemplative pour apprécier ce genre de récits, je le regrette ...

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    1. Pour le coup, tous les récits de marche ne sont pas contemplatifs et celui-ci est d'une lecture agréable.
      Je reparlerai la semaine prochaine de l'intérêt (ou pas) des récits de marche !

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