La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 5 août 2025

Elle ne fait rien, absolument rien que d'être elle-même.

 

Nan Shepherd, La Montagne vivante, écrit pour l'essentiel en 1945, publication en 1977, traduit de l'anglais par Marc Cholodenko, édité en France par Christian Bourgois en 2019.

Marcher dans les montagnes d'Écosse. Les arpenter encore et encore, en hiver, dans le vent, en été quand les nuits sont très courtes – je n'imaginais pas les Cairngorms aussi au Nord (enfin, je n'imaginais pas grand-chose à leur sujet avant d'ouvrir ce livre). Les chapitres sont thématiques : le plateau, les recoins, l'eau, le gel, l'air, les plantes, les animaux, etc. Les souvenirs et les observations de plusieurs dizaines d'années sont ainsi regroupés. L'ensemble constitue cette montagne vivante.

Il est agréable d'émerger du sommet d'un nuage. Une ou deux fois j'ai eu la chance de me trouver sur un promontoire et de voir une plaine d'une éblouissante blancheur de nacre s'étendre jusqu'à l'horizon. Au loin, un autre pic se détache de l'épais brouillard comme une petite île. On dirait le matin de la création.

Dans sa simplicité, le livre parvient superbement à rendre cette impression que l'on ressent face au spectacle du paysage (relief, rocher, plantes, animaux, atmosphère, lumière), impression de plénitude et d'apaisement. Exercer son attention est bénéfique pour l'esprit et la perception de soi.

Je retiens les évocations des rapaces et des martinets (qui enchantent aussi mon ciel du grand Sud).

L'été en haute montagne peut être aussi délicieux que le miel ; il peut aussi être un fléau mugissant. Pour ceux qui l'aiment, l'un et l'autre sont bons, puisque tous deux font partie de sa nature essentielle.

C'est le début.

Photo prise sur Wikipedia : Les Cairngorms en hiver, depuis le sommet de Geal Charn dans les Grampians.

La glace peut être d'une pureté cristalline, bien qu'elle soit probablement translucide, crêpelée, craquelée ou semée de bulles ; entièrement verte ou seulement sur les bords. Quand l'eau tournoie autour des pierres, la glace se forme en une structure opaque, circulaire, brisée.

L'air fait partie de la montagne, qui ne s'arrête pas à ses rochers et son sol. Elle possède son air à elle, et c'est à la qualité de son air qu'est due l'infinie diversité de ses couleurs. Brunes pour la plupart en elles-mêmes, dès que nous les voyons vêtues d'air, les collines deviennent bleues. Toutes les nuances de bleu, du blanc laiteux opalescent jusqu'à l'indigo, sont là. Alors les ravins sont violets. Les nuances de gentiane et de delphinium, animées de feu, se tapissent dans les replis.

Je me reproche régulièrement de ne pas aller marcher suffisamment dans les paysages qui sont autour de moi. Chaque année, la bonne résolution est prise d'aller randonner là et là, même si mes prétentions sont modestes. Cette lecture me redonne envie d'arpenter – mais il faudra attendre la fin des grandes chaleurs.


6 commentaires:

  1. Ce livre pourrait me plaire. Je ne connais pas l'Ecosse mais j'aime moi aussi me promener dans la nature (les randonnées en montagne sont un peu dures mais tellement satisfaisantes).

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    1. Ce qui est original, c'est l'organisation par thématique (et non par randonnée justement). On se perd un peu dans les noms de lieux écossais, mais la démarche est intéressante.
      J'aime aussi marcher, mais je ne le fais pas assez. Les calanques sont aussi assez physiques.

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  2. je le note! quoique l'Ecosse ne soit pas dans nos projet. Plutôt l'Italie

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    1. Ah oui mais je ne lis jamais en fonction de mes projets de voyage, j'avoue.

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  3. Si j'ai bien compris, c'est un 'récit de voyage', pas un roman (donc plus dans mes goûts ^_^) Hélas pas vu en bibli...

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    1. Je me rends compte que je ne l'ai pas précisé dans le billet, mais ce n'est ni un roman ni un récit de voyage : elle habitait en Écosse, elle a passé sa vie à arpenter le massif de sa région.

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