W. Wilkie Collins, Secret absolu, traduit de l’anglais par Marie-Thérèse
Carton-Oiéron, 1e éd. 1857, Paris, Phébus, 2002.
Je viens de lire mon premier Wilkie Collins, afin de
participer à ma manière au Club des lectrices et j’ai beaucoup aimé.
Il s’agit d’une histoire romanesque à souhait. Au
début du récit, meurt l’épouse du capitaine Treverton, riche aristocrate de
Cornouailles. À son agonie, elle a le temps de dicter à sa domestique Sarah
Leeson une longue lettre, révélant un Secret, que la domestique doit
impérativement remettre au maître de maison. Sauf qu’à peine est morte Mrs
Treverton que Sarah cache la lettre dans un coin abandonné de la demeure et
s’enfuit.
15 ans plus tard, nos héros sont un couple de jeunes
mariés, Rosamund Treverton, la fille du capitaine et Leonard Franckland, un
jeune aveugle. Ces deux-là comprennent progressivement qu’un Secret (oui, avec
majuscule) est caché dans une mystérieuse chambre aux Myrtes du château… je
m’arrête là pour l’intrigue. Qui est à la fois pas totalement inattendue (vu
les obsessions de la société victorienne, on n’a pas trop de souci pour deviner
le problème) et très bien menée, avec des rebondissements subtils, qui
retardent au maximum le dénouement sans trop d’artificialité.
J’ai surtout apprécié l’art de Collins de faire vivre
des personnages originaux et attachants comme l’oncle Joseph, le régisseur
(formidable portrait) ou la bonne, les médecins… les personnages secondaires
sont très réussis, vraisemblables, loin d’être des marionnettes et donnent de
la vie au roman. Rosamund et Leonard m’ont moins plu – j’en suis à me demander
si je ne les ai pas trouvés un peu jeunes (ainsi parlait mamie Marcelle).
Timon d’Athènes, abandonnant un monde ingrat, alla se
retirer au fond de quelque grotte, d’où il laissa s’exhaler sur les flots en
vers magnifiques son humeur atrabilaire, et savoura l’immense honneur d’être
salué de « seigneur ». Timon de Londres s’isola de l’espèce humaine
en se réfugiant dans une maison sans personne alentour, à Bayswater ; il
exprima ses sentiments dans une prose minable et se contenta, pour tout titre,
de « Mr. Treverton ».
La lecture est très agréable : ironie, humour,
sensibilité et poésie, rien n’y manque. Vous pouvez également lire l'avis de Lili Galipette sur ce roman qui compte pour une participation au Challenge victorien d'Aymeline.
Osborn William Evelyn, Plage au crépuscule, port de Saint-Ives, 1895, Londres, Tate Collection, image RMN.