Mark et Marcel ont un an. Déjà ! Je ne pensais pas que cela passerait si vite. En revanche je me demande bien comment je faisais avant d'avoir ce blog, vu le temps et l'énergie que j'y consacre et le plaisir que je ressens à m'en occuper, à dialoguer avec mes innombrables (?) lecteurs... parler, écouter, réfléchir, partager... l'essentiel d'une vie, heureusement que vous êtes là !
Le premier billet, histoire de s'entraîner, portait sur un petit roman américain. Les choses sérieuses commençaient un peu après avec Isaac Bashevis Singer et ses nouvelles. La boucle est bouclée car je suis précisément en train de finir ce recueil.
Je profite donc de ce billet un peu spécial pour vous remercier de votre passage par ici, j'espère que vous continuerez à me rendre visite. Finissez l'année en beauté avec ce texte qu'il faut prendre le temps de lire, tout doucement, mot à mot. C'est un brouillon, l'auteur hésite, biffe, rature, se reprend, se répète, change d'avis...
Autrefois j’avais comme tout le
monde la douceur de m’éveiller un instant dans l’obscurité au milieu de la
nuit, et de sentir goûter un instant le noir l’obscurité le silence, quelque
sourd craquement, comme pourrait le faire une pomme au fond d’une armoire, une
pomme appelée pour un instant à une faible conscience de sa situation. À cette
époque, j’avais étais déjà pris l’habitude malade et ne pouvais plus me coucher
et de dormir que le jour. Mais je pouvais me souvenir comme d’un temps, bien
lointain aujourd’hui, très rapproché il est, où si je me réveillais au milieu
de la nuit, ce n’était pas pour bien longtemps et seulement pour prendre
conscience un instant. À cette époque, j’étais déjà malade et ne pouvais plus
me être couché et dormir, que le jour. Mais je me souvenais comme d’un temps
assez voisin et que j’avais alors l’illusion de voir revenir le temps n’était
pas bien lointain encore – et je nourrissais l’illusion de le voir bientôt
revenir – où je dormais toute la nuit ne faisait qu’un avec mon lit et ma
chambre et ne m’éveillais que le temps de prendre conscience juste le temps
juste le temps de prendre conscience de l’obscurité de la chambre, de son
silence et de ses sourds craquements, comme pourrait aurait pu le faire un pot
de confitures ou une pomme appelée pour un instant à une vague conscience, au
fond de l’armoire où elle repose sur une planche. À l’époque dont je vais veux
parler, je ne pouvais déjà plus dormir, aujourd’hui j’étais malade, et ni même
être couché, que le jour. Mais le temps n’était pas encore lointain très loin,
où je m’endormais le soir (et chaque jour j’espérais, je pouvais encore espérer
qu’il reviendrait) où j’entrais dans mon lit à dix heures du soir, et avec
quelques courts réveils dormais jusqu’au lendemain matin. Au temps de cette
matinée dont je veux fixer je ne sais pourquoi le souvenir, j’étais déjà
malade, j’étais je restais levé toute la nuit, et ne dormais me couchais le
matin et dormais le jour. Mais le temps n’étais pas encore très, mais alors
était encore très près de moi un temps que j’espérais voir revenir et qui
aujourd’hui me semble avoir été vécu par une autre personne où j’entrais dans
mon lit à dix heures du soir, et avec quelques courts réveils dormais jusqu’au
lendemain matin. Au temps de cette matinée dont je veux, je ne sais pourquoi
voudrais fixer le souvenir, j’étais déjà malade, j’étais obligé de passer
rester debout passer toute la nuit debout levé, et n’étais couché que le jour.
Mais alors le temps n’étais pas encore très lointain très lointain et
j’espérais encore qu’il reviendrait, où j’entrais dans mon lit à dix heures du
soir et, avec quelques réveils plus ou moins brefs, dormais jusqu’au lendemain
matin. Au temps à l’époque de cette matinée dont je voudrais fixer le souvenir,
j’étais déjà malade, j’étais obligé de passer toute la nuit debout levé, et
n’étais couché que le jour. Mais alors le temps n’étais pas très lointain et
j’espérais encore qu’il pourrait revenir, où j’entrais dans mon lit je me
couchais à dix heures du soir tous les soirs et, avec quelques réveils plus ou
moins longs, dormais jusqu’au lendemain matin matin. À l’époque de cette
matinée dont je voudrais fixer le souvenir j’étais déjà malade ; j’étais
obligé de passer toute la nuit levé et n’étais couché que le jour. Mais alors
le temps n’étais pas très lointain et j’espérais encore qu’il pourrait revenir
où je me couchais tous les soirs de bonne heure et, avec quelques réveils plus
ou moins longs, dormais jusqu’au matin. Longtemps je me suis couché de bonne
heure.
Genette, extrait de Figures IV, huit premiers états de l’incipit de la Recherche les uns à la suite des autres.
Très beau texte, merci...
RépondreSupprimerTrès bon anniversaire à ce blog riche et tentateur ! Je me fais les mêmes réflexions que toi sur ce qui occupait mes journées et parfois mes nuits avant la tenue de mon blog...C'est fou comme on lit différemment aussi, sans parler de la frustration continuelle de ne pouvoir lire tout ce que les blogs proposent de tentant.. Bonne continuation et bonne année 2012 pleine de belles lectures et de découvertes.
J'espère que le séjour à Candes-Saint-Martin a été bon et reposant (je connais bien, c'est magnifique en toute saison).
Merci Somaja ! Oui les tentations sont permanentes sur la blogosphère et mon horizon s'est très largement ouvert en un an.
RépondreSupprimerMa grand-mère ne vit pas à Candes mais pas très loin, j'aime beaucoup ce panorama.
Joyeux anniversaire au petit Mark et au petit Marcel, qui, nous n'en doutons pas, deviendront grands.
RépondreSupprimerJoyeux anniversaire à ton blog, et bonnes fêtes de fin d'année... en espérant te lire encore longtemps!
RépondreSupprimerMerci les filles, j'espère aussi pouvoir bavasser encore quelques années.
RépondreSupprimerEn effet, le temps passe vite... Bravo !! Bises.
RépondreSupprimerMerci Stella !
RépondreSupprimerJoyeux anniversaire ! Bien sûr que nous continuerons à venir te lire ! Je te souhaite de belles fêtes et te dis à l'année prochaine...
RépondreSupprimerje souhaite un bon anniversaire à ton blog, et à toi-même une belle nouvelle année , riche de livres et de rencontres!
RépondreSupprimerMerci Syl., bonne année à toi. Et merci sophie, pour toi aussi une nouvelle année pleine de bonheurs.
RépondreSupprimerce sont si j'ai bien compris des variantes d l'incipit pensées par proust et à l'état de brouillons ou
RépondreSupprimerréécrites par genette ?(ou les deux) peux-tu en dire plus nathalie? J'ai lu genette pdt mes études ms c'est loin!
Bonjour Cath ! Apparemment Genette a mis à la file les uns des autres 7 ou 8 brouillons de l'incipit de la Recherche. Il a enlevé les ratures, ce qui explique certaines phrases étranges, où Proust s'est repris et s'est corrigé, mais qui apparaissent en clair ici. C'est tout ce que j'en sais...
RépondreSupprimerHilarant! On dirait du Queneau, qui l'eut cru?!
RépondreSupprimerBravo pour ce blog, je continuerai de le lire pour ma part, j'aime beaucoup sa passion non feinte (j'ai horreur de l'air béat et candide pris par les chroniqueurs littéraires (ou artistiques) : votre simplicité me va comme un gant!
Continuez!
Merci pour les compliments et les encouragements, on fait ce qu'on peut. Bonne année à vous.
RépondreSupprimerBon blog anniversaire en retard !
RépondreSupprimerMerci Clara, je suis très heureuse de pouvoir continuer à te suivre !
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