Laurent Mauvignier, Dans la
foule, Paris, Les Éditions de Minuit, 2006.
Ce roman raconte le drame du stade du Heysel : la finale de la coupe d’Europe des champions, en 1985,
entre l’équipe de Liverpool et la Juve de Turin. Ce jour-là le hooliganisme a
fait 39 morts et des centaines de blessés.
Mauvignier entrecroise les voix
et les récits. Celui de Geoff, venu de Liverpool, qui assiste au match avec ses
frères aînés et leurs amis hooligans, des vrais, qui s’imbibent de bière, et
jouissent de cette possibilité de laisser libre cours à leur violence. Geoff ne
se sent pas comme eux, il fait semblant pour être avec ses frères mais ne se
sent pas aussi heureux. Et pourtant, il était dans la tribune lui aussi, il a
chanté, il a poussé les cris de guerre et couru… Est-ce que j’ai couru avec
eux ? sera la question qui le
taraudera longtemps.
Jeff et Tonino, deux français,
supporters de la Juve parce que Tonino est d’une famille italienne. Ils
viennent du Nord de la France comme ça, sans rien, sans hôtel, volent des
billets et se rendent au stade. Ils rigolent, ils se sont bien débrouillés, ils
vont voir le match.
Il y a Gabriel et Virginie, les
Bruxellois à qui on a volé les billets, qui veulent se venger, qui auraient dû
être à la place de Jeff et Tonino.
Et Francesco et Tana, un couple
italien en voyage de noces à qui on a offert des billets pour le match.
Ils racontent les uns après les
autres.
Il s’agit d’un roman très fort,
aux mots violents et émouvants. J’ai beaucoup apprécié la langue de Mauvignier,
avec cet entrecroisement des personnes et des voix qui permet de rendre à la
fois la folie de la foule et l’émotion d’un individu. Je suis plus critique sur
la structure et notamment la longueur, puisque qu’une grande partie du roman
est consacrée aux monologues de Tana après le drame : c’est assez pénible,
à cause de la longueur mais aussi parce que sa douleur est très bien rendue.
Disons que cela peut être ressenti comme oppressant.
V. Balocchi, W La Juve, Italie, vers 1955.
Florence, Museo di Storia della Fotografia
Fratelli Alinari,
image RMN.
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L'avis de La Lettrine.
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