Anne Perry, L’Étrangleur de
Cater Street, traduit de l’anglais par
Annie Hamel et Roxane Azimi, 1e parution 1979, Paris, 10/18, 1997.
Grâce à Aymeline, j’ai pu lire ce
premier volume des enquêtes de Charlotte Ellison et de l’inspecteur Thomas
Pitt.
L’intrigue se situe dans Cater
Street, une rue bourgeoise de la Londres victorienne, au sein de la famille
Ellison. Une famille normale avec grand-mère, parents, fille aînée mariée,
fille du milieu trop franche pour avoir le moindre prétendant, fille cadette
ambitieuse à l’esprit pratique, le majordome et les bonnes. Tout est très
conformiste… jusqu’au jour où des jeunes femmes commencent à être étranglées
dans la rue les soirs de brouillard.
L’intrigue policière n’est sans
doute pas le point fondamental du livre, mais ce qui est intéressant est
l’évocation des rapports humains de l’époque. Nous sommes dans une société
hiérarchisée, dont les discours ne peuvent que nous apparaître comme
caricaturaux. Si une jeune fille se fait tuer c’est parce qu’elle est de
moralité douteuse (et vice versa). Quand
il s’agit d’une domestique, personne n’y trouve à redire. Et tout est à
l’avenant : le policier n’est pas un personnage respectable puisqu’il ne
connaît que les bas-fonds, les femmes n’ont qu’une vertu : la soumission.
Tout cela est bien connu, mais il est toujours bon de se rafraîchir la mémoire.
À mon sens, ce qui est le plus réussi dans ce roman, c’est la description des
conséquences de cette situation : l’obéissance remplace la confiance et
les individus ont très vite le sentiment d’être perdus, isolés, de n’avoir
aucun appui. Tout prend l’allure de secret capable de détruire la famille. La
dureté des normes sociales fragilise les individus, incapables de faire face à
la moindre perturbation.
Détail d'un journal entre 1835 et 1840
Marseille, MuCEM, image RMN.
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Le personnage de Charlotte est
très sympathique dans sa colère contre cette tyrannie, d’autant que nous
suivons de près ses sentiments. Je dois dire qu’Anne Perry rend très bien
compte de la complexité des sentiments de ses personnages. Ainsi Emily la
cadette, consciente de toutes les contraintes posées à une femme de sa
condition, qui loin de s’y opposer, en joue avec intelligence et sens pratique,
sans être aucunement victime du système.
Le prétexte criminel rend tout
cela très agréable à lire… oui, il y a policier, crimes, étrangleurs et
interrogatoires….
La conversation créait comme un
ronron dans la pièce. Charlotte n’écoutait plus. C’était un échange
sympathique, réconfortant, entre membres de la même famille. Ça n’avais pas
grand sens, comme ces rituels qui ponctuent la journée.
En serait-il toujours
ainsi ? Une infinie succession de jours passées à tricoter, peindre,
vaquer aux diverses tâches ménagères, prendre le thé ?
Merci Aymeline de faire voyager
ce livre. Si vous voulez le lire, il faut aller s’inscrire chez elle. Et du coup, nouvelle petite participation au Challenge vcitorien de ladite Aymeline.
Cette série me détend tellement que j'en suis au tome 4 !! Si, fatalement, il y a des redites, nous en apprenons toujours un peu plus malgré tout sur les codes de la société victorienne, que ce soit dans les bas-fonds ou dans la Haute !
RépondreSupprimerje suis ravie qu'il t'ai plu :)
RépondreSupprimerApparemment je n'en avais jamais lu, mais je m'y remettrai peut-être, une fois de temps en temps.
RépondreSupprimerIl fait partie des Perry que j'ai appréciés : effectivement, elle donne une bonne vision des moeurs de l'époque...
RépondreSupprimerOui Maggie (bienvenue ici), c'est tout à fait ça.
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