Don DeLillo, Great Jones
Street, traduit de l’américain par Marianne
Véron, 1e publication 1973, Arles, Actes Sud, 2011.
Mon premier DonDeLillo… hum… pas
si éloigné de l’esprit de Pynchon dans le foutrac. Le narrateur Bucky
Wunderlick est une rock-star qui abandonne son groupe en pleine tournée, pour
aller s’enfermer dans un appartement miteux de New York. C’est l’hiver et il
est en plein vide intérieur. Mais ce n’est pas la solitude pour autant car il
rencontre le voisin du dessus (un écrivain raté), est démarché par les autres
membres du groupe, le manager, des gens… un paquet mystérieux circule, une
drogue nouvelle et inconnue, sur laquelle tout le monde rêve de mettre la main.
Et on défile chez Bucky pour y tenir les conversations les moins sensées. Peu à
peu un fil paranoïaque se tisse autour du narrateur… Pendant ce temps, les
rumeurs courent le pays à son propos, Bucky a été vu absolument partout !
On a la peinture de personnages
paumés et vides mais la description du délire autour des stars du rock est à
mon sens très réussie dans son exagération. Les contacts du groupe avec la
foule et leur folie viscérale sont présentés comme un flirt constant avec la
mort, le sang et l’anéantissement de l’individu. Le chanteur est pris dans un
tourbillon qu’il ne maîtrise pas.
La célébrité nécessite toutes
sortes d’excès. Je parle de la célébrité véritable, de la dévoration des néons,
pas du crépusculaire renom d’hommes d’État sur le déclin ou de rois sans
couronne. Je parle de longs voyages dans un espace gris.
Don DeLillo nous fournit le texte
des chansons !
Plus tard dans la journée, la
neige se mit à tomber. Les types de la radio commencèrent à délirer sur les
congères. D’une station à l’autre, toute la nuit, ils ne cessèrent de parler de
la neige, bulletins, annonces, flashes d’info. Chaque station rivalisait
d’infos sur la neige. Interrompait ses programmes. Leurs chroniqueurs
semblaient au bord de la folie, leurs voix dérapaient dans les aigus. Alerte à
la neige. Chasse-neiges. Chutes de neige. Tempête de neige. Couches de neige.
De la neige. Épaisse et blanche. Jamais de leur vie ces types n’avaient délivré
de communiqués à ce point documentés. Il neigeait à tel endroit, et à tel
autre.
Ce passage dure encore 2 pages, le
délire journalistique est rendu de façon très réaliste !
Merci à ma frangine pour ce prêt.
Je n'ai pas encore lu DeLillo mais je le ferai très prochainement. De ce que j'ai lu sur son oeuvre, on doit commencer (ou lire) par "Outremonde". Notamment, le grand critique littéraire Harold Bloom dit de ce roman qu'il est certainement l'un des meilleurs de notre époque et sachant que Bloom est un critique impitoyable (des écrivains encore vivants il en aime que 4 !!), "Outremonde" doit être génial.
RépondreSupprimerJimmy
Ah merci, justement je me demandais pas quel titre continuer. J'ai lu ce livre-ci par hasard mais grâce à toi j'ai une piste. merci !
RépondreSupprimerun auteur à découvrir. J'ai vu que Cronenberg adaptait l'un de ses romans.
RépondreSupprimerAh oui ? Je ne connais vraiment pas du tout, je me rends compte que je ne suis pas top concernant la littérature américaine.
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