La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 23 avril 2012

On t’as vu voler une boîte d’ananas en morceaux dans un supermarché à Fresno.


Don DeLillo, Great Jones Street, traduit de l’américain par Marianne Véron, 1e publication 1973, Arles, Actes Sud, 2011.

Mon premier DonDeLillo… hum… pas si éloigné de l’esprit de Pynchon dans le foutrac. Le narrateur Bucky Wunderlick est une rock-star qui abandonne son groupe en pleine tournée, pour aller s’enfermer dans un appartement miteux de New York. C’est l’hiver et il est en plein vide intérieur. Mais ce n’est pas la solitude pour autant car il rencontre le voisin du dessus (un écrivain raté), est démarché par les autres membres du groupe, le manager, des gens… un paquet mystérieux circule, une drogue nouvelle et inconnue, sur laquelle tout le monde rêve de mettre la main. Et on défile chez Bucky pour y tenir les conversations les moins sensées. Peu à peu un fil paranoïaque se tisse autour du narrateur… Pendant ce temps, les rumeurs courent le pays à son propos, Bucky a été vu absolument partout !
  On a la peinture de personnages paumés et vides mais la description du délire autour des stars du rock est à mon sens très réussie dans son exagération. Les contacts du groupe avec la foule et leur folie viscérale sont présentés comme un flirt constant avec la mort, le sang et l’anéantissement de l’individu. Le chanteur est pris dans un tourbillon qu’il ne maîtrise pas.

La célébrité nécessite toutes sortes d’excès. Je parle de la célébrité véritable, de la dévoration des néons, pas du crépusculaire renom d’hommes d’État sur le déclin ou de rois sans couronne. Je parle de longs voyages dans un espace gris.

Don DeLillo nous fournit le texte des chansons !

Plus tard dans la journée, la neige se mit à tomber. Les types de la radio commencèrent à délirer sur les congères. D’une station à l’autre, toute la nuit, ils ne cessèrent de parler de la neige, bulletins, annonces, flashes d’info. Chaque station rivalisait d’infos sur la neige. Interrompait ses programmes. Leurs chroniqueurs semblaient au bord de la folie, leurs voix dérapaient dans les aigus. Alerte à la neige. Chasse-neiges. Chutes de neige. Tempête de neige. Couches de neige. De la neige. Épaisse et blanche. Jamais de leur vie ces types n’avaient délivré de communiqués à ce point documentés. Il neigeait à tel endroit, et à tel autre.
Ce passage dure encore 2 pages, le délire journalistique est rendu de façon très réaliste !

 Merci à ma frangine pour ce prêt.

4 commentaires:

jimmy morneau a dit…

Je n'ai pas encore lu DeLillo mais je le ferai très prochainement. De ce que j'ai lu sur son oeuvre, on doit commencer (ou lire) par "Outremonde". Notamment, le grand critique littéraire Harold Bloom dit de ce roman qu'il est certainement l'un des meilleurs de notre époque et sachant que Bloom est un critique impitoyable (des écrivains encore vivants il en aime que 4 !!), "Outremonde" doit être génial.

Jimmy

nathalie a dit…

Ah merci, justement je me demandais pas quel titre continuer. J'ai lu ce livre-ci par hasard mais grâce à toi j'ai une piste. merci !

Theoma a dit…

un auteur à découvrir. J'ai vu que Cronenberg adaptait l'un de ses romans.

nathalie a dit…

Ah oui ? Je ne connais vraiment pas du tout, je me rends compte que je ne suis pas top concernant la littérature américaine.