La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 21 mai 2012

Le Cramé avait du mal à vivre sans sa cape de nihiliste, sa fourrure de fauve sur le dos.


Jacques-Olivier Bosco, Le Cramé, Marseille, éditions Jigal, 2011.

Voici un bon polar à la française.
Le fil narratif : le héros principal est le Cramé, un gangster, braqueur de banques, découvre qu’il y a un traître dans sa bande et décide de découvrir son nom d’une façon que je ne dévoilerai pas. D’ailleurs je ne dirai rien de l’intrigue, haute en rebondissements peu vraisemblables, cela fait partie du charme du roman. Disons que l’action s’ouvre en plein braquage qui tourne mal.
  J’ai commencé ma lecture en étant sceptique car le roman n’est pas exempt de clichés (le bandit avec code d’honneur qui s’oppose au caïd minable, les filles en combinaison de cuir, etc.) mais je l’ai achevé en le dévorant car l’auteur tire le meilleur parti de ces clichés pour nourrir son récit et lui ajouter de l’humour et de l’épaisseur. Ainsi ce fameux sens de l’honneur conduit notre Cramé à prendre des décisions étonnantes, ce qui permet à l’intrigue de rebondir de façon tout à fait savoureuse. Les flics et les bandits sont tous des fans de cinéma et les uns comme les autres miment leurs héros avec blousons de cuir, gauloises et positions choisies. Si l’on fume des gauloises comme dans les années 50, la réglementation sur le tabac renouvelle le motif de façon amusante. Le récit est entraînant, mené au rythme des voitures (grosses cylindrées pour les bandits et Clio pour la police), des flingues de divers calibres, des interrogatoires musclés et des yeux noirs (oui, il y a du Sicilien dedans).

École française, La Bande à Bonnot : 
l'attaque de la succursale de la Société Générale
entre 1925 et 1940 (l'attaque a eu lieu le 14 décembre 1911)
Marseille, MuCEM, image RMN

Ce qui l’avait mené là, les bras en V derrière le dossier de sa chaise, le collier anti-émeute tailladant ses poignets. Deux autres inspecteurs, des molosses type Rottweiler, gardaient la porte dans son dos, bras croisés, ils portaient le jean moule-bite et le blouson en cuir noir marchandé aux puces de Saint-Ouen mais auraient très bien pu être sapés de costards froissés et délavés, leurs têtes coiffées d’un chapeau mou, à la façon des flics brutaux des années cinquante.

Grand merci aux éditions Jigal et à Vendredi Lecture pour cette lecture originale.

2 commentaires:

Alex Mot-à-Mots a dit…

Il parait qu'en ce moment à Marseille, la réalité dépasse la fiction.

nathalie a dit…

Oui ! mais le roman se déroule à Paris et en banlieue parisienne, le Sud ne reste qu'un horizon rêvé.