La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 26 juillet 2012

Et il ne lui parla pas, Pereira, il lui fit simplement un geste affectueux de la main en guise d’au revoir, prétend-il.


Antonio Tabucchi, Pereira prétend, traduit de l’italien par Bernard Comment, 1e 1994, Paris, Gallimard, 2010.

Un petit livre très subtil sous ses dehors inoffensifs. Le héros, Pereira, est journaliste à Lisbonne (on est en 1938), il est responsable de la page culturelle d’un hebdomadaire, se contente souvent de traduire des écrivains français du XIXe siècle, vit dans le souvenir de ses années d’études et de sa femme, il a de l’embonpoint, a une vie un peu triste. Un jour, un peu au hasard, il engage un stagiaire. Les textes du stagiaire se révèlent décevants d’un point de vue journalistique mais sont marqués par de fortes idées politiques. On est sous la dictature de Salazar… Pereira va peu à peu prendre conscience du vide de sa propre existence et du rôle qu’il peut jouer face à la dictature.
Le roman se déroule essentiellement à Lisbonne, en pleine chaleur mais l’actualité mondiale résonne fortement comme un bruit de fond : l’alliance du Portugal et de l’Allemagne, la Guerre civile espagnole, Mussolini et le rôle de la littérature dans tout ça.
L’originalité de ce roman est dans sa forme. Les faits sont rapportés et chaque paragraphe contient cette phrase « Pereira prétend ». Ces deux mots rythment sourdement le roman. C’est Pereira qui rapporte les faits, a posteriori, on imagine un auditeur, un lecteur, il pourrait s’agir d’un rapport de police, d’un témoignage pour l’histoire – mais le sous-titre est là pour nous renseigner – et subsiste toujours un léger doute quant à la réalité de ce qui est raconté.

Lisbonne, ruelle de la Mouraria
image Wikipedia
  
Le début :
Pereira prétend avoir fait sa connaissance par un jour d’été. Une magnifique journée d’été, ensoleillée et venteuse, et Lisbonne qui étincelait. Il semble que Pereira se trouvait alors à la rédaction, il ne savait que faire, le directeur était en vacances, son souci consistait à devoir monter la page culturelle, parce que le Lisboa avait dorénavant une page culturelle, dont on lui avait confié la responsabilité. Et lui, Pereira, réfléchissait sur la mort.

Un cadeau d’Eva, merci ! Deuxième étape du viaggio.


6 commentaires:

Les Livres de George a dit…

J'avais beaucoup aimé "Nocturne indien", il faudrait sans doute que je lise un autre roman de lui !

nathalie a dit…

c'était mon premier, mais du coup, j'ai bien envie de continuer.

Eeguab a dit…

Pas très client de Tabucchi. Tristano meurt, Les oiseaux de Fra Angelico ne m'ont pas convaincu.A bientôt.

nathalie a dit…

C'était une découverte, je compte continuer... on verra bien !

Unknown a dit…

Subtil est un mot qui convient particulièrement à ce roman qui se dévore... Il décrit une situation tragique, nous n'avions pas souvenir d'avoir lu un livre avec pour cadre la dictature de Salazar. Le sujet est grave mais pour autant il y a une vraie légèreté dans ce roman, on sourit souvent. Pereira est un personnage particulièrement attachant
Depuis nous avons mangé des omelettes aux herbes, nous avons bu de la citronnade et nous avons découvert que nous avions dans notre bibliothèque "Honorine"la nouvelle de Honoré de Balzac.
Que du bonheur !

nathalie a dit…

C'est vrai que ça donne envie de citronnade ce livre... merci pour ton commentaire !