La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 4 septembre 2012

L’odeur de l’automne, depuis quelques jours, se glissait, le matin, jusqu’à la mer.


Colette, Le Blé en herbe, 1923.

Un livre que j’ai lu entre deux, comme une récréation, une échappée sur des vacances. Délicieusement daté mais très sensible.
Philippe et Vinca sont camarades d’enfance, leurs familles passent les étés dans la même maison en Bretagne depuis toujours. Mais aujourd’hui ils sont adolescents et les sentiments et les corps changent. Tout est différent, ils veulent quitter l’enfance, mais veulent y rester, ils veulent conquérir le monde mais pas encore… Au fil des jeux, des promenades, des parties de pêches, des repas, ils s’observent et testent ce qu’ils appellent leur « amour ». Philippe est certain que Vinca lui appartient, elle est plus inquiète dans son attention. Si beaucoup d’éléments factuels sont datés, cela n’a pas gêné ma lecture. La langue est très belle car comme souvent chez Colette se mêlent les descriptions des sentiments et celles de la nature : les oiseaux, les plantes, les coquillages, la mer et ses couleurs changeantes, le ciel, tout participe à l’évocation du récit. Ce n’est pas tant que la nature soit à l’unisson des passions des personnages. Colette est bien plus subtile que cela. Mais les héros sont toujours placés au sein d’une nature pleinement vivante, pas juste un décor. C’est ce qui est à mon sens le plus réussi et fait de ce livre une petite pépite. Pour le reste, j’ai trouvé que Philippe a une trop bonne connaissance de soi et des autres pour un gamin de 16 ans, ça me paraît peu vraisemblable qu’il ait une telle conscience de ses sentiments.


Il avait vu au cinéma 
Le blé en herbe 
Au creux d´un lit improvisé
J´ai découvert émerveillée
Un ciel superbe


Trois heures s’égrenèrent rêveusement à l’horloge lointaine, la première limpide et proche, les deux autres étouffées d’une bouffée de vent. Un couple de courlis passa au-dessus de Philippe, assez bas pour qu’il entendît le cri de voilure de leurs ailes tendues, et leur piaulement sur la mer plongea, dans la mémoire ouverte et sans défense de l’adolescent, jusqu’au fond de quinze années pures, suspendues à un rivage blond, à une enfant qui à ses côtés grandissait, portant sa tête blonde et droite comme un épi.

Ma troisième et dernière participation au Challenge Colette de Margotte, que j'achève donc. Mais je compte poursuivre ma lecture de ce grand écrivain.



6 commentaires:

Syl. a dit…

J'ai passé de très belles heures à lire ces livres.
Je passe à Dalida maintenant...

Alex Mot-à-Mots a dit…

Les romans de Colette, de vraies petites madeleines...

nathalie a dit…

C'est tout à fait cela Alex. Allez Syl., tu vas chanter ?

Anonyme a dit…

Il y a en ce moment uneexcellente exposition sur Colette au musée Anacreon de Granville dans la Manche .J'y suis allée et j'ai eu beaucoup de mal à m'en arracher .On y apprend des choses surprenantes sur l'écrivain

Margotte a dit…

Voilà un beau billet pour clore ta participation au challenge... mais non tes lectures de Colette ;-) Bonne soirée !

nathalie a dit…

Merci Anonyme ! C'est vrai que Colette a eu une vie passionnante, je lirai bien une biographie sur elle.
Margotte : tu as tout compris ! bonne soirée à toi.