La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 14 décembre 2012

C’est un brave type pour un canasson mexicain.


Un dialogue entre deux chevaux :
-       Qui est Shekels ?
-       Le chien du 7e de Cavalerie. S’il est vraiment un chien, d’ailleurs. Son père était un coyote et sa mère, une chatte sauvage. Ça ne fait pas réellement un chien de lui, n’est-ce pas ?
-       Pas un vrai chien, à mon avis. Rien que vaguement un chien, je dirais. Quoique ça relève de l’ichtyologie, me semble-t-il. (…) C’est mon avis et je n’en démordrai pas.
-       Eh bien, je ne peux pas aller plus loin moi-même tout en étant juste et consciencieux. Je l’ai toujours considéré comme un chien de nature incertaine, et c’est aussi la position de Musardeur, le grand danois. Musardeur affirme que Shekels n’est pas un chien, même pas une volaille… Personnellement je n’irais pas jusque-là.
-       Moi non plus. La volaille est l’un de ces mystères insondables, vu l’énorme quantité et la grande variété de l’espèce. Des ailes, des ailes, des ailes à n’en plus finir. Dindes, oies, chauves-souris, papillons, anges, sauterelles, poissons volants, et… La tribu est innombrable. Ça me donne la nausée rien que d’y penser. Mais lui n’a pas d’ailes, si ?
-       Non.
-       Alors je considère qu’il est plus probable qu’il soit un chien plutôt qu’une volaille. Je n’ai jamais entendu parler d’une volaille qui n’ait pas d’ailes. Les ailes sont le signe de la volaille, ce à quoi on reconnaît une volaille. Le moustique, par exemple.
-       Mais qu’est-il, à ton avis ? Il doit bien être quelque chose.
-       Il pourrait être un reptile. Toute créature dépourvue d’ailes est un reptile.

Timbre de 1940. Wikipedia.
 (et cela continue comme ça…) Quand on est un peu « juste » en billets pour le blog, on met une citation. Quand on veut sourire, on met du Mark Twain. C'est comme cela. En plus, j'ai bientôt fini ce recueil de nouvelles, donc vous allez en entendre parler.

Extrait de : Mark Twain, Le Récit d’un cheval, 1906, traduit de l’américain par Georges-Michel Sarotte, extrait du recueil Le Rapt de l’éléphant blanc, Paris, Omnibus, 2010.

2 commentaires:

Syl. a dit…

Oui, une conversation qui me donne la pêche ! Il a des ailes ? Une volaille !!!

nathalie a dit…

La définition du reptile qui suit n'est pas mal non plus...