La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 23 avril 2013

Deux êtres très juvéniles, de ceux qui le restent jusqu’au jour où la vieillesse leur tombe dessus d’un seul coup.


Francis Scott Fitzgerald, L’étrange histoire de Benjamin Button et La Lie du bonheur, nouvelles extraites du recueil Les Enfants du jazz, paru en 1922, traduit de l’américain par Suzanne Mayoux, lu chez Folio.

Le fil narratif de L’étrange histoire de Benjamin Button est connue : c’est l’histoire d’un homme vivant à rebours, naissant dans un corps de vieillard et vieillissant jusqu’à devenir un bébé. Au-delà de l’évocation de situations burlesques, on retrouve la vieille obsession de Fitzgerald pour le temps qui file et l’impossibilité pour l’être humain de demeurer à un stade harmonieux de sa vie. L’accent est aussi mis sur le poids des convenances sociales, de la honte et du scandale pour ces membres de la riche société du Sud. À vrai dire, tous les personnages semblent un peu des marionnettes régies par des fils automatiques.


Picabia, Coup de soleil, nu au maillot
1942, Paris, Centre Georges Pompidou,
image RMN.
J’ai préféré La Lie du bonheur, nouvelle plus intimiste. On trouve au début un jeune couple brillant, les Curtain. Lui est écrivain, elle est une jeune femme incapable d’être une maîtresse de maison. Ils sont jeunes et aiment s’amuser. Mais un jour Jeffrey envoie une chaise par la fenêtre… cela vous rappelle Scott et Zelda ? Oui, mais Fitzgerald change totalement la signification de l’événement et donne à l’héroïne la possibilité d’une vie pleine de sens. Le récit est court, chante la brièveté de la jeunesse et la vitesse du temps qui passe. Il est aussi sous-tendu par la rêverie que Fitzgerald fait à partir de Zelda et de lui-même. Il m’a bien plus touchée.

Et elle était seule la nuit dans la chambre qui avait vu la splendeur de son couple, puis la douleur. Pour revoir Jeff, elle revivait mentalement leur année merveilleuse, leur union intense, passionnée, absorbante, plutôt que d’attendre des retrouvailles incertaines dans l’au-delà. Souvent, elle se réveillait et désirait avec ardeur cette présence à son côté, certes inanimée et quand même un souffle, encore celui de Jeff.

Deux nouvelles lues un dimanche après-midi. Participation au challenge d'Asphodèle Fitzgerald et les enfants du jazz. L'avis de Wictoria.


5 commentaires:

Lili Galipette a dit…

L'histoire de Button m'avait assez déplu. Comme toi, j'ai préféré "La lie du bonheur" et d'autres nouvelles du recueil "Les enfants du jazz".

Asphodèle a dit…

Si Benjamin Button est un excellent exercice de style, je préfère les nouvelles où l'on entraperçoit leur couple et leur vie ! Très joli billet ! :)

nathalie a dit…

Je vois que nous avons le même avis !

Alex Mot-à-Mots a dit…

J'espère que quand la vieillesse tombe, ça ne fait pas trop mal...

nathalie a dit…

Si elle tombe tout d'un coup ou toute légère, année par année...